Un accident mineur peut être un événement coûteux pour toute petite entreprise, mais Jamie Beaumont ne fait pas la promotion de la sécurité agricole simplement pour épargner quelques sous. Un respect scrupuleux des normes de sécurité pour le travail compte aussi bien pour sa tranquillité d’esprit que pour de bonnes pratiques commerciales.
M. Beaumont exploite une ferme laitière à Mitchell, en Ontario, et il traite 150 vaches deux fois par jour à l’aide de 16 employés à plein temps et à temps partiel. Bien consciente des normes de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail, l’entreprise J.P.C. Farms a commencé à élaborer des plans de santé et sécurité il y a 10 ans. De nos jours elle a des audits de sécurité réguliers, un poste de représentant des employés pour la sécurité, et des sessions de formation annuelles enseignées en personne. M. Beaumont joint le geste à la parole avec les autres membres du personnel, portant lui-même des lunettes de protection lors de la traite. Il croit que la sécurité va dans les deux sens entre les employeurs et employés, alors il donne l’exemple en matière de prévention des blessures.
« Les blessures prennent du temps, elles nécessitent la paperasse, et personne ne veut aller travailler et être blessé, » affirme M. Beaumont.« La plupart du temps, il est simplement question d’avoir des systèmes en place et de s’assurer que les gens sont conscients des risques pour prévenir les accidents. »
M. Beaumont admet qu’il n’est pas vraiment facile de maintenir des normes élevées de sécurité et qu’il doit s’occuper d’écritures. Mais quand une employée s’est endormie en rentrant à la ferme après son deuxième quart de la journée en 1999, il fallait apporter des changements. Il dit que personne ne travaille plus de 45 heures par semaine maintenant et il n’a jamais de problèmes à combler un quart de travail. Puisque la responsabilité opérationnelle de la ferme est partagée entre tant de personnes, c’est moins stressant non seulement pour les employés de la ferme mais aussi pour les propriétaires.
Glen Blahey est spécialiste en sécurité et santé agricoles pour l’Association canadienne de sécurité agricole.« Les exploitations agricoles sont typiquement des entreprises à propriétaire unique ou des partenariats, » dit-il, « et quelquefois la survivance personnelle est négligée. »
M. Blahey ajoute qu’une étude de2008 de l’Université Queen’s a évalué à quel point les coûts financiers de comportements agricoles dangereux peuvent être élevés. Par exemple, l’étude a trouvé que chaque jour de maladie pris par un agriculteur coûte en moyenne 700 $. Quand quelqu’un à la ferme doit être hospitalisé à cause d’une blessure critique, l’impact économique remonte en moyenne à 10000 $. Pour mettre cela en contexte, M. Blahey demande aux gens de tenir compte du revenu supplémentaire qu’une ferme doit générer pour couvrir ces coûts. « Si l’on vivait dans un monde idéal et son exploitation agricole avait un ratio de marge bénéficiaire de 10 pour cent, pour récupérer une perte de 10000 $, on doit gagner 100000 $ de plus, » indique-t-il. Quand on considère le coût d’une invalidité permanente,143000 $, ou d’un décès, 275000 $, tout à coup les bonnes pratiques sécuritaires ne sont que de bonnes stratégies de gestion des risques opérationnels.
M. Beaumont note qu’il est bien conscient de l’association que les agriculteurs font entre les employés et le risque commercial. On lui a souvent demandé des conseils pour satisfaire aux exigences minimales de la perspective de limiter la responsabilité légale. Mais il est de l’avis qu’essayer d’éviter la responsabilité est la mauvaise manière de prévenir un incident qui pourrait aboutir devant le tribunal.
« Ne vous inquiétez pas de la légalité, préoccupez-vous de la sécurité, parce que c’est la seule chose qui compte, »souligne M. Beaumont.« Vous aurez peut-être une visite, vous n’aurez peut-être pas tout réglé, et vous recevriez une petite amende. Mais quand une ambulance quitte votre ferme, et quelqu’un est blessé, la quantité de paperasse au mur ne compte pas. »
Que vous ayez trois ou 30 personnes qui travaillent à la ferme, que ce soit famille ou non, M. Beaumont croit qu’un accent fort sur la sécurité est une bonne pratique commerciale pour la ferme. Personne n’est éliminable, dit-il, et les coûts, dans tous les sens, sont beaucoup trop grands.
Jamie Beaumont est un conférencier au Forum de SécuriFerme de l’Ontario, un atelier de formation en sécurité agricole qui aura lieu à Guelph, en Ontario, le 11 mars 2013,dans le cadre de la Semaine canadienne de la sécurité en milieu agricole(SCSMA). La SCSMA est offerte par l’Association canadienne de sécurité agricole (ACSA), la Fédération canadienne de l’agriculture (FCA) et la société commanditaire exclusive Financement agricole Canada (FAC), avec l’aide financière du Gouvernement du Canada dans le cadre de Cultivons l’avenir, une initiative fédérale, provinciale et territoriale.