On ne cesse de répéter aux agriculteurs qu’ils doivent innover. Mais qu’est-ce que cela signifie au juste? La réponse dépend de la personne à qui vous posez la question. En matière d’innovation, la seule règle, c’est qu’il n’y pas de règles.

Pour un grand nombre de personnes, innover signifie inventer, mais inventer quelque chose qui fait habituellement intervenir de nouvelles technologies. Mais du point de vue des affaires, innover signifie apporter des changements qui amélioreront le résultat net.

Donc trouver une nouvelle ou une meilleure façon d’utiliser une ancienne technologie, c’est aussi innover, tout comme modifier ses façons de faire pour devenir plus efficace. Le ranch de Travis Toews est un bon exemple des deux. Les poteaux et les barrières en acier de son nouveau système de manipulation des bovins ne représentent pas de la haute technologie, mais la conception du système tient compte de la recherche de pointe sur le comportement des bovins, ce qui lui a permis de diminuer considérablement ses coûts de main-d’œuvre et d’améliorer la santé de son troupeau. M. Toews soutient que les agriculteurs doivent innover pour prospérer, mais il admet que trouver les innovations appropriées et déterminer le moment opportun pour apporter des changements posent un défi.

Dans le cas de Jean Morin, il a commencé à innover pour surmonter les problèmes agronomiques auxquels il a été confronté lorsqu’il s’est lancé dans la production biologique. En cours de route, le producteur laitier québécois a développé des aptitudes pour l’innovation et ces aptitudes lui ont permis de joindre les rangs des meilleurs fromagers au pays.

Quant à LaHave Forests, peu d’entreprises agricoles ont adopté la créativité comme elle l’a fait. Pourtant, nombreux sont ceux qui, un jour, pourraient se joindre à Logie Cassells et Liam Tayler dans leur quête visant à faire de la camerise la prochaine merveille du monde des petits fruits. Leur approche envers l’agriculture est loin d’être classique, mais c’est une autre façon d’innover.

C’est en effectuant des recherches sur Google afin de trouver de nouvelles cultures de petits fruits que Logie Cassells a découvert la camerise, ce qui l’a amené à communiquer avec Curtis Braaten, qui a participé à la mise au point du cultivar. Ce dernier, reproducteur de plantes en Saskatchewan, a répondu à des centaines de demandes de renseignements de la part d’éventuels producteurs de camerise et, au fil des ans, il a observé une grande différente entre les « rêveurs » et les « soi-disant intéressés » et ceux qui ont la bonne approche pour aborder une nouveauté.

« Les questions que les gens posent en disent beaucoup », fait-il observer.

Poser les bonnes questions est au cœur de la stratégie d’innovation de Patrice Carle. Selon l’expert en gestion québécois, collecter des données financières détaillées et trouver ensuite des façons d’accroître la rentabilité est un exercice qui se soldera sans aucun doute par l’imposition de changements importants.

Le présent numéro du Gestionnaire agricole canadien montre qu’il existe de nombreuses façons d’innover, ce qui n’a rien de surprenant puisque, par définition, innover signifie faire les choses autrement.