Des chercheurs du Vineland Research and Innovation Centre de l’Ontario œuvre à élargir l’éventail de plantes pouvant être utilisées sur les toits verts et à accroître les possibilités d’incorporer des plantes indigènes aux espèces d’orpin habituellement utilisées.
« L’idée de la recherche consiste à trouver une gamme de plantes indigènes propices à ce que j’aime appeler « l’aménagement de toit » et ainsi offrir aux paysagistes un plus grand nombre de plantes avec lesquelles travailler », explique M. Rumen Conev, chercheur scientifique en sélection de plantes ornementales. « Nous comparons les comportements de 23 génotypes indigènes à celui de la plante considérée une norme de l’industrie, le Sedum kamtschaticum. L’objectif consiste à trouver une variété de plantes indigènes qui seront complémentaires des plantations d’orpin, plutôt que d’offrir l’un ou l’autre comme option. »
Cette étude de deux ans a débuté en 2011 sous forme de concept expérimental afin de pouvoir tirer des conclusions plus fiables. « Nous avons créé un système urbain répliquant les conditions naturelles », mentionne M. Conev. « Nous comparons la performance de plantes plantées au hasard dans des lots contenant quatre et six pouces de substrat minéral sur des toits verts déjà en place sans système d’irrigation et qui sont exposés en plein soleil et au vent. » M. Convev s’est aussi associé avec Norman Goodyear du Collège d’agriculture de la Nouvelle-Écosse afin d’effectuer la même expérience en utilisant des plantes locales mieux adaptées au climat marin.
Les résultats préliminaires permettent d’identifier au moins 21 espèces qui prospèrent très bien ou de façon extraordinaire sans irrigation, et comprennent une variété de types de croissance allant du couvre-sol procombant à l’herbe haute. « Ceci procurera aux paysagistes une chance immédiate d’agencer des combinaisons intéressantes de plantes », ajoute M. Conev. « Nous avons aussi identifié certaines plantes dont la croissance décuple en une seule saison. »
La plupart des espèces étaient aussi prospères dans un substrat de quatre pouces que dans un substrat de six pouces de profondeur. Ceci procure un avantage considérable puisqu’un substrat de quatre pouces, au lieu de six pouces, allège le poids d’environ 25 à 30 livres, comporte moins de contraintes d’ingénierie structurale et coûte moins cher.
Une fois cette étape du projet terminée, les chercheurs seront en mesure de savoir quelles plantes prospèrent bien dans des conditions de grand stress et lesquelles seront en bonne condition après quelques années de croissance. Ils auront aussi une bonne idée des espèces de plante qui se développent le mieux dans les deux régions étudiées. M. Conev ajoute qu’ils ne seront pas en mesure de prévoir si une espèce survivra dans un autre endroit, et qu’elle devra être mise à l’épreuve dans la nouvelle région afin de déterminer si elle y sera prospère.
M. Conev étudie aussi quelques toits sur lesquels des plantes bien établies poussent à Kitchener, Guelph et Toronto afin d’en évaluer les impacts environnementaux. « Nous avons découvert que quelques espèces produisent des semences et que celles-ci peuvent se disperser par le vent et germer », explique M. Conev. « Ce n’est pas tant un problème lorsque ceci se produit sur le toit vert, mais s’il y a des toits ordinaires adjacents où il n’est pas censé y avoir de végétation, ou des aménagements paysagers existants ou des trottoirs, on pourrait y retrouver de la végétation non désirée. Nous effectuerons un suivi au printemps prochain afin d’évaluer si ces semences survivent avec succès à l’hiver et si elles deviennent problématiques l’année suivante. »
Prochaine étape pour avantager les cultivateurs
La première phase du projet sera terminée à la fin du mois de mars 2013. Toutefois, M. Conev note qu’ils n’auront pas toutes les réponses aux questions soulevées. Il se penche alors sur une deuxième phase afin de poursuivre son expérience et en entamer de nouvelles.
« La première phase fournit des réponses aux spécialistes de toits verts ainsi qu’une variété de plantes indigènes parmi lesquelles choisir », explique M. Conev. « Cependant, pour faire profiter l’industrie verte, nous devons aussi en savoir plus sur la dispersion et les pratiques de production dans les serres et les pépinières. Nous savons que toutes les semences des plantes étudiées se dispersent, ce qui constitue un avantage pour les cultivateurs en serre. De plus, toutes ces plantes peuvent se propager par au moins une méthode végétative, offrant ainsi des possibilités pour la production en pépinière.
M. Conev projette de déposer une demande au Canadian Ornamental Horticulture Alliance (COHA) pour financer la prochaine étape de l’étude. Il planifie travailler en collaboration avec l’Université de Guelph l’an prochain sur l’aspect production, tout en continuant les recherches en génétique.