Pour Mark et Sally Benard, récipiendaires du prix Jeunes Agriculteurs d’Élites de 2012 pour les provinces de l’Atlantique, leur exploitation agricole de l’Île-du-Prince-Édouard, située entre Summerside et Charlottetown, n’est pas qu’une occasion commerciale, mais une philosophie de grandes perspectives. « Les deux doivent avoir le même niveau de priorité dans la production d’aliments biologiques, dit Sally. Celle-ci n’a pas tendance à engendrer beaucoup de succès lorsqu’une personne lance une exploitation agricole basée seulement sur la théorie et en ne tenant pas compte de l’aspect commercial de l’agriculture. De même, cela ne fonctionne pas non plus lorsque l’agriculteur se lance dans la production d’aliments biologiques seulement pour réaliser des profits, sans se préoccuper de l’aspect théorique. »

Cette philosophie combinée a vu le jour en 2001 lorsque Mark a remarqué une nouvelle occasion et a senti qu’il était temps de changer l’orientation de son exploitation agricole, qui était axée sur la production de pommes de terre lorsque son père en était le propriétaire. Trente-six mois plus tard, Mark revient chez lui après avoir étudié au Nova Scotia Agricultural College. Par la suite, il acquiert et prépare quelques terres agricoles pour la production d’aliments biologiques et fonde Barnyard Organics ltée avec Sally. Aujourd’hui, l’exploitation produit des grains et des plantes oléagineuses biologiques, fait la torréfaction de certains produits comme des fèves de soja ainsi que la vente d’agneau et de poulet biologique aux portes de la ferme.

Le changement est quelque chose que Mark et Sally ont vu plusieurs fois depuis qu’ils ont lancé leur exploitation agricole. Leur premier marché était une industrie laitière biologique en expansion et en grand besoin d’aliments pour le bétail de haute qualité. « Malheureusement, cette industrie a fini par s’effondrer, » se souvient Mark. Ensuite, après plusieurs tentatives pour trouver de nouveaux marchés, ils ont fait affaire avec un producteur de porc : « Ce fut une excellente relation, mais les problèmes auxquels faisait face l’industrie du porc signifiaient que le marché se rapetissait. » Aussi, au fur et à mesure que les Benard gagnaient en popularité, l’Agence canadienne d’inspection des aliments est venue les rencontrer par rapport au problème qu’était la production de nourriture pour le bétail pour le compte d’autres exploitations agricoles sans détenir de certification adéquate. « Bien que cela était très angoissant au début, cela fut en fait une bonne chose, car nous avons maintenant la possibilité d’examiner le marché de l’ensemble des Maritimes pour ce qui est de la production d’aliments organiques pour le bétail, » dit Mark.

C’est là en effet leur objectif à long terme et ils ont récemment commencé à louer des terres au Nouveau-Brunswick pour la culture de maïs biologique, ce qu’ils ne peuvent pas faire sur l’Î.-P.-É. étant donné les exigences en matière de séparation des terres. En plus de l’expansion en acres, les Benard réfléchissent à la manière dont ils peuvent directement servir un consommateur affamé plutôt que produire de la nourriture pour le bétail, puisque le consommateur serait, au bout du compte, un acheteur plus régulier et engendrerait plus de profits.

En prenant la dernière décennie en rétrospective, les Benard indiquent plusieurs points de focalisation qui leur ont valu leur succès. « Nous sommes très rigoureux dans notre processus de rotation des cultures sur cinq ans, dit Mark. On n’a pas tendance à cultiver des cultures populaires; on se concentre plutôt sur la santé du sol, ce qui nous aide à produire des cultures de qualité supérieure. »

Le consommateur est le deuxième point sur lequel les Benard se concentrent : « Cela vaut tant pour les grains que pour les plantes oléagineuses, de même que pour l’agneau et le poulet. » La troisième priorité est d’avoir une vision à long terme : « Il est important de toujours garder un esprit ouvert, de toujours remettre en question les procédés standards afin de décider ce qui est le plus avantageux pour notre situation particulière, » dit Sally. Mark souligne qu’une mentalité avant-gardiste est également importante lorsqu’il est question de remarquer les possibilités : « Parfois, les occasions se présentent où on s’y attend le moins, dit-il. On n’a qu’à dépoussiérer un peu la surface pour les dénicher. »

Pour plus d’information sur Barnyard Organics, visitez leur site Web : BarnyardOrganics.ca (anglais seulement).