Lorsqu’ils ont été interviewés par GAC en 2009, Grant et Justine Keefer regardaient Yellow Point Cranberries avec fierté, après huit années passées à restaurer une ferme de 43 acres laissés en jachère pendant plus de trente ans.

Ayant grandi sur la petite ferme de canneberge de son père à Richmond, en Colombie-Britannique, Grant s’est installé dans la région de Ladysmith pour commencer à neuf. Avec l’aide de leur famille, leurs amis et leurs voisins, la famille Keefer a passé des mois à défricher, niveler et débroussailler les terres.

Ils ont planté des canneberges pour la première fois en mai 2002 sur un total de huit acres et la première récolte officielle a eu lieu en octobre 2005.

Au cours des trois dernières années, la famille Keefer a joui d’un succès considérable grâce à leur petite opération agricole innovatrice, leur grande variété de produits alimentaires et leurs autres entreprises.

« On a planté deux acres de plus, dit Grant. On est actuellement en train de se préparer pour l’année prochaine afin de pouvoir planter sur cinq acres supplémentaires. On est aussi en train de multiplier des plants d’une nouvelle variété dans les serres (vigne limitée).

Cette vigne sera séparée en plusieurs mottes au printemps prochain, lesquelles seront plantées dans le champ. D’autres variétés nouvelles sont disponibles et il se peut qu’on les essaie aussi. On a investi beaucoup de temps et d’argent et tout fonctionne sans problèmes. »

Pour ce qui est des nouveaux produits, Justine a travaillé fort avec l’équipe des cuisines afin de créer une nouvelle gamme de produits comme des scones, carrés au chocolat, gâteaux et autres confections, toutes faites avec des canneberges séchées. Certains produits peuvent être rapportés et cuits à la maison; ceux-ci sont très populaires et font un bon complément aux produits en conserve.

La famille Keefer alloue toujours 15 acres pour la gestion des approvisionnements d’Ocean Spray, la moitié étant réservée à la récolte de fruits frais pour l’Action de grâce au Canada. L’autre moitié est récoltée afin d’être transformée en jus et en fruits séchés, entres autres.

Leur fille de 7 ans, Clara, est également très occupée, prise par des activités dont un enfant de deuxième année doit normalement se préoccuper, comme entre autres les leçons de nage, de ballet et de patin.
« Elle a tout de même quelques corvées faire, souligne Grant. Si elle veut un animal de compagnie, elle doit le laver, le nourrir et en prendre soin. Le printemps dernier, par exemple, elle voulait des poules. Je lui ai construit un poulailler et on a acheté 24 poussins.

Lorsqu’ils ont atteint huit semaines, on en a donné la moitié à des amis et des membres de la famille tandis que Clara a gardé l’autre moitié. Lorsque les poules ont commencé à pondre, elle en a parlé à ses amis d’école et à leurs parents. Au bout du compte, cinq mères voulaient acheter des oeufs; chacune d’entre elles en recevait ensuite un jour déterminé de la semaine.

Clara devait aussi acheter la nourriture pour les poules avec l’argent qu’elle gagnait, en plus de collecter les oeufs et nourrir les poules avant d’aller à l’école.

Au début, elle n’était pas très enthousiaste à l’idée de devoir acheter la nourriture, mais ça lui a appris une bonne leçon. On l’a aussi aidé avec un jardin de glaïeuls. Elle a préparé les rangées, puis nous avons planté les graines et enlevé les mauvaises herbes ensemble. Elle vendra les glaïeuls sur le bord de la route lorsqu’ils seront en fleur. Lorsque c’est le temps de la récolte, Clara nous accompagne aux marchés fermiers et nous aide à vendre les canneberges. C’est une très belle occasion d’apprentissage pour elle – elle a appris à changer la monnaie, l’an dernier. J’ai grandi de la même manière dans le secteur de l’auto-cueillette des pois et des fraises. »

La famille s’est agrandie avec l’arrivée de Jack, en mai 2010, qui est maintenant âgé de deux ans et pressé de pouvoir faire les mêmes choses que sa soeur, voire même de lui faire compétition pour un emploi.
« On emploie un peu plus de gens sur la ferme qu’auparavant, surtout lorsque vient le temps de la récolte, dit Grant. J’ai quelques personnes à temps partiel qui travaillent souvent pour moi. Deux adolescents s’occupent de la plus grande partie du fauchage et du débroussaillage, tandis qu’un homme semi-retraité m’aide avec à peu près tout, que ce soit la réparation d’équipement, les travaux d’irrigation ou la récolte en tant que telle.

On fait partie d’une bonne communauté et j’ai toujours été capable de trouver des gens pour m’aider avec les récoltes. Pour ce qui est des cuisines et de la boutique, on a un peu changé les choses. Par le passé, on était ouvert et on employait du personnel du mois d’avril jusqu’à Noël. On a cependant appris que même si on habite une région plus ou moins touristique, le printemps et l’été ne sont pas des saisons achalandées
pour nous.

Aussitôt que septembre arrive et que les autres boutiques de ferme, d’artisanat et de souvenirs diminuent leurs heures de travail, on met les bouchées doubles et on se tient occupé. Par conséquent, on a réduit nos effectifs et nos heures de travail durant l’été et on les a augmentés pour l’automne et l’hiver. »

L’agrotourisme et de l’éducation sont des secteurs auquel la famille Keefer porte maintenant moins attention. Cependant, Grant précise qu’ils ne souhaitent pas cesser ces activités complètement et qu’ils disposent de trois excellents guides touristiques capables de les aider lorsqu’ils en ont besoin. On offre toujours au public la possibilité d’une visite libre.

« On fait toujours affaire avec une agence de tourisme de Nanaimo qui nous amène des autocars pleins plusieurs fois par année, dit-il. Cela arrive souvent lorsqu’un bateau de croisière arrive en ville. Ces genres de visites guidées sont les meilleurs parce qu’elles impliquent des groupes juste assez gros, avec deux ou trois autocars répartis sur quatre heures.
Il s’agit de groupes assez larges pour que l’acquisition de personnel soit efficiente. On peut aussi modifier les détails de la visite en fonction de leur horaire.

Notre secret, c’est une expansion lente et progressive, en se concentrant d’abord sur la culture de canneberges pour ensuite combler avec d’autres choses à notre guise. Ce n’est pas tout et n’importe quoi qui fonctionne, mais essayer de nouvelles idées est une bonne chose. Si au bout d’un certain temps le projet ne vient pas à se rembourser de lui-même, il faut alors en modifier quelque chose ou tout simplement l’abandonner. »
Pour ce qui est de la vente, la boutique des cuisines a reçu des offres pour faire de la vente en gros ou pour que quelqu’un distribue leurs produits.

Les employés croient cependant que leur marge de manoeuvre est trop mince pour l’instant; on devrait aussi engager plus de personnel. Ils sont donc contents de simplement continuer à faire de la vente au détail.
Leurs produits ont été expédiés partout en Amérique du Nord.

« Tout est fluide, dit Grant. On essaie toujours de nouvelles choses – certaines fonctionnent, certaines non. On essaie de garder une certaine consistance dans le rendement de nos récoltes en n’apportant que très peu de changements dans nos pratiques de croissance, comme la fertilisation. J’ai trop souvent vu des agriculteurs s’exténuer à produire une grande récolte pour finalement aboutir à des rendements en dents de scie au fil des années.

Tout comme les montagnes russes, le rendement des récoltes diminue un peu plus chaque fois avant de toucher le fond. On se doit d’être au fait de la situation économique difficile d’aujourd’hui. On sait que les coûts de production continueront d’augmenter. J’aime bien travailler avec les autres pour tenter d’augmenter notre pouvoir d’achat, mais ça ne fonctionne pas à tous les coups. Si le rendement de nos récoltes continue de fluctuer proportionnellement avec les coûts, on ne devrait pas avoir de problèmes. Mais si on essaie d’augmenter le coût de nos produits trop sévèrement, on perdra des clients; et il est toujours plus difficile de les regagner lorsqu’ils sont partis. »

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