COMTÉ DE PICTOU, N.-É. – Bien qu’il ait toujours admiré le style de vie agricole de ses parents, Justin Smith, 32 ans, admet volontiers qu’il souhaitait quitter la ferme familiale le plus tôt possible.

« Je suis allé à l’université en Ontario et j’ai occupé un emploi en Californie après avoir reçu mon diplôme, dit le producteur d’ail prospère. Il a fallu que je quitte le monde agricole avant de pouvoir le voir sous un angle différent. C’est alors que j’ai commencé à ressentir l’envie de retourner vers ce mode de vie.

J’ai rencontré mon épouse, Corey, pendant que j’habitais dans l’ouest et nous avons déménagé ensemble en Nouvelle-Écosse pour tenter notre coup en agriculture. »

Malgré le fait qu’il n’a pas fait d’études en agriculture, M. Smith a obtenu un diplôme en géologie et a travaillé dans ce domaine pendant cinq ans. Aujourd’hui, en plus de la production d’ail, il travaille en tant que représentant commercial dans l’industrie des équipements sportifs pour ajouter un supplément aux revenus de ses activités agricoles.

L’ail est cultivé sur les terres de ses parents et on a commencé à en faire la vente commerciale il y a cinq ans. L’exploitation agricole opère sous le nom de la ferme des parents de M. Smith : Lansdowne Horse Logging. Sur les 700 acres de terres familiales, seulement 15 sont utilisés en tant que champs, pâturages et jardins.

Justin, Corey et les parents de M. Smith travaillent sur l’exploitation agricole et reçoivent parfois l’aide de voisins et d’amis pendant les périodes particulièrement exigeantes, comme la récolte, le nettoyage et le tri des têtes d’ail une fois qu’elles ont été salées.

Pourquoi Justin a-t-il décidé de cultiver l’ail? « J’ai vu en l’ail une bonne occasion en tant que culture rentable, dit-il. J’ai également reçu les encouragements d’une amie proche de la famille, Lenny Levine, laquelle a aidé à développer la variété d’ail cultivée en Nouvelle-Écosse. L’ail est une culture compacte unique en son genre qui possède une grande valeur sur le marché de même qu’une excellente durée de conservation.

Les coûts de mise en exploitation étaient assez faciles à gérer, alors nous n’avions pas besoin d’aide. La dépense la plus importante était liée aux semences. Nous avons graduellement renforcé notre stock de semences chaque année à partir de la culture arrivée à maturité; ce ne fut donc que l’investissement initial qui était élevé. Nous utilisons des méthodes agricoles entièrement biologiques : fumier de cheval, cendres de bois et engrais vert afin d’améliorer la qualité du sol.

Nous utilisons également une équipe de chevaux de trait pour préparer le sol pour la plantation. Ils labourent, hersent, répandent le fumier, cultivent le sol et font même les plates-bandes surélevées pour nous. »
Il ne fait aucun doute que l’agriculture courre dans les veines de M. Smith : il a grandi sur une exploitation agricole biologique qui offrait également de louer des chevaux pour l’exploitation forestière lors de la saison froide; un bon indicateur que ses parents tentaient toujours d’être autosuffisants en vivant des produits de la terre.

Bien qu’aucun équipement lourd ne soit nécessaire, Justin estime qu’on devrait tous savoir comment labourer et cultiver ses plates-bandes. Les chevaux sont dans ce cas d’un énorme service étant donné l’étendue des opérations.

« L’ail est véritablement un type de culture où l’effort physique est nécessaire, ajoute Justin, mais j’essaie de trouver des moyens de mécaniser certaines parties du processus L’ail reste en terre plus longtemps que la plupart des autres cultures de légumes : il est planté à l’automne pour n’être récolté qu’à l’été suivant. Cela prend neuf mois de croissance, puis de trois à cinq mois pour le salage, le nettoyage et la vente.

Entre 15 et 20 % de notre temps est passé en commercialisation. On avait besoin de plus de temps lorsqu’on s’est lancé en agriculture, mais maintenant que nous sommes établis dans le marché et que nos ventes sont régulières, la majorité de notre énergie peut être placée dans d’autres aspects de notre exploitation agricole. Nous avons fait des ventes dans des marchés fermiers, de petits épiciers écologiques, des magasins spécialisés et des coopératives alimentaires. »

Pour ce qui est de ses projets à court et à long terme, Justin dit qu’ils y vont une saison de croissance à la fois et tentent d’augmenter progressivement le rendement de leur exploitation agricole par quelques centaines de livres d’ail de plus chaque année. L’objectif est d’obtenir une culture réussie, mais il souligne que cela devient de plus en plus difficile avec des maladies comme la pourriture blanche qui constituent un risque considérable dans leur région.

« Nous souhaitons éventuellement être en mesure de fournir de l’ail local à nos clients à longueur d’année, dit-il. Notre plan pour les cinq à dix prochaines années à venir est de nous diversifier. En plus de la culture d’ail, nous avons également des abeilles dans l’espoir de développer nos colonies assez pour faire la vente de miel.

L’année dernière, nous avons lancé une petite opération de production de lait de chèvre et nous aimerions en générer des produits et des revenus. Nous souhaiterions aussi continuer la tradition familiale par rapport aux
chevaux à et l’exploitation forestière durant les mois de l’hiver. »

En conclusion, quels conseils offre Justin aux autres nouveaux agriculteurs qui songent à l’agriculture comme un choix de carrière?

« Venez avec un esprit ouvert, dit-il. Soyez prêts à travailler dur, soyez créatifs et n’hésitez pas à poser des questions et à apprendre des gens qui ont de l’expérience au sein de votre communauté agricole. En tant que jeunes agriculteurs, nous avons senti qu’il y avait de bonnes possibilités pour nous et que de l’aide qui nous serait fournie.

Il y a quelque chose de très gratifiant dans le fait de planter une graine et de l’aider à se développer en un produit alimentaire utile. Cela peut être également très difficile étant donné que beaucoup de choses dépendent de facteurs qu’on ne peut maîtriser, comme les conditions météorologiques, et qui peuvent entraîner des moments de stress et des résultats imprévisibles. Vous devez être prêt à faire face à tout et n’importe quoi au sein de cette grande industrie.

Au bout du compte, je me sens privilégié de faire partie du processus agricole. »