De nombreux rapports mettent en exergue le ralentissement de l’économie mondiale.
La croissance économique demeure léthargique aux États-Unis. Les gouvernements européens discutent encore des réformes nécessaires pour résoudre les problèmes liés à la dette et la faiblesse de la croissance économique. Si l’économie de la Chine a connu une performance remarquable, on s’attend toutefois à ce que sa croissance de cette année soit la plus faible enregistrée depuis 1999.
Au milieu de toute cette incertitude, la valeur du huard a récemment atteint un sommet sur treize mois par rapport au dollar américain.
Puisque la croissance économique mondiale est un moteur essentiel de la demande alimentaire, doit-on prévoir un fléchissement de la demande pour les viandes rouges, les céréales et les oléagineux? Assisterons-nous à un retour de la parité du dollar canadien au cours des prochains mois?
Si le marché de l’habitation aux États-Unis semble avoir amorcé une reprise, le marché du travail continue de décevoir. La réaction la plus récente aux difficultés économiques des États-Unis est la troisième vague d’assouplissements quantitatifs (ou QE3), qui vise à réduire les taux d’intérêt pour les consommateurs et les entreprises. Ces mesures devraient en retour stimuler la croissance économique. Des mesures de stimulation monétaire vigoureuses entrainent habituellement une baisse de la devise américaine, ce qui stimule la demande étrangère pour des produits de base et fait monter les prix.
Le gouvernement américain devra bientôt s’attaquer à ce que l’on appelle le précipice budgétaire. Ainsi, si on ne parvient pas à éviter le précipice, d’importantes réductions des dépenses et de fortes hausses d’impôt seront mises en place le 1er janvier 2013. Cette situation est peut-être évitable si les partis politiques s’entendent sur la manière d’endiguer la progression de la dette publique des États-Unis. Le Congressional Budget Office (le Bureau du budget du Congrès) prévoit que l’impossibilité de parvenir à un accord pourrait causer la perte de deux millions d’emplois et replonger les États-Unis dans une récession.
Les enjeux sont élevés et les leaders politiques doivent parvenir à une entente. Or, les débats entourant la question risquent d’accentuer la volatilité sur les marchés financiers.
L’Union européenne est en récession mais certains pays en souffrent plus que d’autres. Les taux de chômage en Grèce et en Espagne avoisinent les 25 %. Malgré l’annonce faite récemment par la Banque centrale européenne à l’effet qu’elle envisagerait d’autres mesures expansionnistes, les nations européennes continuent de maintenir la politique d’austérité, ce qui entraîne une autre contraction à la baisse.
On doit surveiller de près la possibilité d’un déclin rapide de la croissance économique de la Chine. Un rééquilibrage de l’économie chinoise est crucial. L’immobilier en Chine pèse trop lourd sur l’économie en général et il est nécessaire de réduire le poids de ce secteur. Pour ce faire, la Chine doit accroître les dépenses de consommation et réduire les investissements dans les logements et l’infrastructure. Sans ce rééquilibrage, l’économie chinoise risque de connaître un atterrissage brutal. Le gouvernement chinois a toutefois la capacité de mettre en place des mesures de relance importantes si un ralentissement majeur survient.
Pourquoi le dollar canadien est-il si fort par rapport à la devise américaine alors que l’économie mondiale connaît des remous?
L’économie canadienne continue d’obtenir de bien meilleurs résultats que la plupart des pays occidentaux. Les investisseurs se tournent vers les actifs libellés en dollars canadiens, ce qui fait augmenter la valeur du huard. Par ailleurs, malgré l’incertitude économique, les prix du pétrole ont fait bonne figure au cours des derniers mois, passant d’un creux de 78 $ le baril en juin à presque 100 $ le baril récemment.
La valeur du dollar est importante pour l’agriculture canadienne. Cela a moins d’importance maintenant pour les producteurs de céréales et d’oléagineux étant donné les effets positifs que la sécheresse aux États-Unis a sur les prix. Les producteurs de bétail sont toujours en proie à des difficultés liées aux prix élevés des aliments pour animaux.
Un dollar canadien fort nuit à la compétitivité des exportateurs canadiens de viande. Or, il est essentiel d’être concurrentiel sur le marché mondial car le tiers de nos ventes agricoles, dont les aliments transformés, sont réalisées à l’étranger.
Certaines prévisions en matière de taux de change témoignent d’une grande imagination. Ainsi, The Economist se sert du prix du Big Mac pour comprendre la valeur de différentes devises. Le concept est simple : un Big Mac est un Big Mac, peu importe où l’on se trouve dans le monde. Son prix devrait donc être relativement égal dans tous les pays lorsque sa valeur est exprimée dans la même monnaie. En se basant sur cette hypothèse, le huard était sous-évalué d’environ 12 % en juillet, ce qui laisse entendre qu’il pourrait s’apprécier davantage.
Or, indépendamment du prix du Big Mac, un sondage mené auprès de prévisionnistes professionnels brosse un tout autre tableau. L’accumulation de risques baissiers pour l’économie mondiale suggère qu’il est plus probable que le dollar canadien retournera vers la parité avant la fin de l’année, au lieu de continuer à s’apprécier.
Compte tenu des pressions exercées par les prix élevés des aliments pour animaux, la demande mondiale pour la viande rouge doit absolument être forte pour survivre dans le contexte actuel. Dans ce sens, on doit maintenir une croissance économique mondiale vigoureuse, en particulier dans les pays émergents.
Même si l’incertitude économique risque d’engendrer une volatilité importante au cours des prochains mois, nous avons bon espoir que l’économie mondiale continuera de croître et d’avantager les producteurs agricoles canadiens.
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