La valeur des terres agricoles a bondi au cours des dernières années et maintenant que les prix des céréales et des graines oléagineuses reculent, certains acquéreurs de terres agricoles pourraient avoir des remords.
Mais le producteur ontarien Dwight Foster ne sera pas de ce nombre.
En plus de cultiver des cultures commerciales et d’élever des bovins, Dwight Foster exploite un silo. Il sait aussi qu’en agriculture, les gens ont tendance à croire que les bonnes années ne sont pas prêtes de prendre fin.
« De toute évidence, c’est l’un des éléments qui encouragent les producteurs à continuer : la confiance que la prochaine année sera meilleure », explique M. Foster âgé de 47 ans et propriétaire de North Gower Grains (northgowergrains.com) située à une courte distance en voiture au sud d’Ottawa.
« Nous avons connu trois ou quatre excellentes années quant aux prix des cultures, et les agriculteurs ont vite oublié les années difficiles. Mais la réalité a frappé de nouveau cette année : à l’heure actuelle, le prix du maïs à notre silo de collecte est exactement la moitié de ce qu’il était l’année dernière. »
Cet optimisme a stimulé le boom foncier dans sa région, où les bonnes terres se vendent 15 000 $ l’acre, raconte M. Foster. Les prix ont décuplé comparativement à ce qu’ils étaient il y a un peu plus de dix et une grande partie de cette augmentation est survenue au cours des cinq dernières années. Durant cette période, M. Foster a fait l’acquisition de terres, augmentant ses superficies à 2 300 acres (auxquelles s’ajoutent 4 000 acres acquis récemment), tout en étant conscient du fait que le cycle des prix en montagnes russes des céréales et des oléagineux reviendrait inévitablement et freinerait l’enthousiasme pour les terres agricoles. Pourquoi ne pas attendre alors?
« Premièrement, il faut répondre à la question : Est-ce que je pourrai rembourser la dette? dit-il. Tout ramène à l’économie. »
Dans son cas, les faibles taux d’intérêt ont été un facteur important tout comme le fait qu’il ait accumulé suffisamment de capitaux propres au fil des ans pour que son bilan puisse lui permettre du rembourser la dette, même en période de vaches maigres.
« J’ai commencé avec 100 acres en 1989 », dit-il d’un air pince-sans-rire. « Un jour, je vais écrire une chanson country : cent acres et un tracteur de cent chevaux. »
Deuxièmement, il croit que la tendance est encore aux exploitations céréalières de grande taille et que, pour cette raison, il doit prendre de l’expansion.
« La réalité c’est que, pour un producteur de cultures commerciales, les terres représentent le quota. Le quota, c’est le billet que doit détenir un producteur de lait pour produire du lait, tandis que les terres, c’est le billet que doit détenir un producteur de cultures commerciales pour produire des céréales. Qu’il s’agisse de quota ou de terres, vous devez vous poser la question suivante : Est-ce que je pourrai rembourser cette dette? Eh bien, au prix de 15 000 $ l’acre, ce ne sera pas facile. Bien que l’augmentation des prix puisse ralentir, je ne crois pas que la valeur des terres suivra, et c’est la raison pour laquelle je continue d’en acquérir. »
L’élément manquant dans cette explication est tout aussi important : Dwight Foster n’achète pas de terres à des fins d’investissement.
« Les capitaux propres de l’exploitation ont effectivement augmenté, mais les capitaux propres n’ont jamais payé une facture, dit-il. Or, lorsque vous faites l’acquisition de terres, vous devez comprendre que vous devez disposer du flux de trésorerie nécessaire pour rembourser la dette. À moins que vous ne vouliez commencer à vendre des biens, une décision qui irait à l’encontre de l’objectif. »
Selon le vieil adage boursier, il faut acheter à bas prix et vendre à prix élevé. Mais ce n’était pas ce que M. Foster avait en tête.
« Je ne suis pas dans le commerce des terres agricoles et je n’envisage pas de prendre ma retraite dans cinq ans », dit-il.
« Dès l’âge de huit ans, je savais que je deviendrais agriculteur. Ma conjointe et moi avons abordé le sujet de la retraite, en nous demandant ce qu’elle serait. Il se peut que nous ralentissions et que quelqu’un d’autre prenne les rênes, mais nous aurons toujours notre mot à dire. »
Ils ne font pas l’acquisition de terres agricoles dans l’espoir que l’un ou plusieurs de leurs cinq enfants présentement adolescents s’adonneront à l’agriculture. Ils veulent que leurs enfants fassent des études et travaillent à l’extérieur avant de décider de revenir ou non sur la ferme familiale.
« Pour devenir agriculteur, il faut tout d’abord être passionné d’agriculture, ce qui couvre bien des erreurs, conclut-il. Vous ne vous lancez pas en agriculture parce que c’est la meilleure décision financière que vous puissiez prendre, mais bien parce que vous aimez passionnément l’agriculture. »
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