Lorsque de multiples parties intéressées discutent ensemble de cultures génétiquement modifiées (OGM) et d’accessibilité au marché, le débat peut être particulièrement conflictuel. Néanmoins, dans le cadre d’un projet collaboratif, l’industrie fourragère du Canada s’est rassemblée au cours de la dernière année afin de produire un rapport sur l’impact possible qu’aurait le système Roundup Ready pour la luzerne (RRL) sur les marchés nationaux et internationaux.

Doug Wray, président de l’Association Canadienne pour les Plantes Fourragères (ACPF), éleveur de bovin et producteur de plantes fourragères à Irracana, en Alberta, vient préciser : « Dès le début, on a dit qu’on ne prendrait pas position par rapport à cette technologie.  Nous souhaitions plutôt jeter un regard sur les impacts de celle-ci et être capables de transmettre ces informations aux législateurs afin de les aider à prendre des décisions basées sur des faits scientifiques. »

Il s’agissait d’un test pour la jeune Association. Le groupe a été en mesure de rassembler une vaste gamme d’opinions, parfois passionnées, afin de guider la législature dans la bonne direction en ce qui concerne les OGM dans l’industrie fourragère. Le rapport ne prend pas position par rapport au système RRL. L’intention était plutôt de conduire une évaluation indépendante du débat entourant le système RRL basée sur des faits et de favoriser les discussions quant aux technologies de modification génétique dans l’industrie fourragère canadienne.

Le rapport complet, intitulé Assessing the Potential Impact of Roundup Ready Alfalfa on Canada’s Forage Industry, peut être téléchargé sur le site Web de l’ACPF. Les témoignages de plusieurs parties intéressées de l’industrie fourragère canadienne ont été essentiels à cette étude, allant de personnes inquiétées par l’impact possible sur les exportations aux agriculteurs qui y voit un nouveau système efficace de lutte contre les mauvaises herbes.

Le projet a trois objectifs principaux :
•    déterminer l’impact possible sur le marché;
•    favoriser le dialogue par rapport à ce sujet dans l’industrie;
•    diffuser les résultats de cette étude à la plus grande échelle possible.

Le Canada et les États-Unis ont autorisé l’utilisation du système RRL sur leur territoire à des fins de production et de culture, bien qu’aucune variété ne soit encore autorisée pour la vente au Canada. Plusieurs pays ont déjà autorisé l’importation de cette technologie, entre autres le Japon, la Corée, le Mexique, les Philippines, Singapour, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le système RRL est le premier d’une série d’autres traits génétiquement modifiés qui pourraient être introduits dans la luzerne.  Forage Genetics International, la société autorisée à commercialiser la technologie en Amérique du Nord, indique que d’autres modifications génétiques pourraient être en cours de développement, comme une lignine réduite, une tolérance à la sécheresse, au sel et au froid, ou une utilisation améliorée des protéines.  Tous pourraient avoir un impact considérable sur l’accessibilité au marché ou la rentabilité de l’agriculteur.

L’analyse que fait le rapport a une portée considérable et comprend : une discussion sur les bases de la reproduction de la luzerne et la probabilité de transfert génétique ou de contamination croisée des semences; un aperçu des stratégies appliquées et des efforts déployés par d’autres groupes d’agriculteurs pour s’adapter à l’introduction des technologies de modification génétique; la situation actuelle du système RRL aux États-Unis.

Le plus grand avantage cité du système RRL est que lutte aux mauvaises herbes est plus efficace et moins dommageable pour la luzerne grâce à l’utilisation d’herbicides. Un sondage réalisé auprès d’agriculteurs américains qui ont utilisé le système RRL révèle un taux de satisfaction de 91 %. De l’autre côté du débat, plusieurs groupes environnementalistes et contre les OGM ont poursuivi Monsanto en justice, du moins en partie en réponse à l’introduction de luzerne génétiquement modifiée.

L’étude fournit aussi un survol de la situation de l’industrie fourragère canadienne, entre autres par rapport à l’exportation :

  • 27 million d’acres de meilleur pâturage, fourrage et production de semences
  • La production de semences et la production organique représentent 2 % des âcres cultivés pour le fourrage
  • 130 millions de $ en exportations fourragères
  • 100 millions de $ en exportations de semences fourragères

Le rapport fait le point ainsi : « Il semblerait que le système RRL et les traits génétiquement modifiés subséquents dans la luzerne peuvent apporter plusieurs avantages à l’industrie fourragère canadienne. L’introduction de ces variétés avec ces traits génétiques devrait tenir compte des craintes des secteurs de l’exportation de produits organiques, de semences et de fourrage. »

« Selon moi, dit M. Wray, les opinions récoltées et la discussion qui a été lancée au sein de notre industrie sont les plus grandes réussites de ce projet. Il était essentiel de saisir cette occasion d’examiner attentivement les faits et d’ensuite se réunir pour lancer une discussion à grande portée.  En abordant le sujet, nous nous assurons de pouvoir indiquer la bonne direction à toutes les parties intéressées de l’industrie. »

Coordonnées :
Doug Wray
Tél. : 403-850-7643
Courriel : [email protected]

Sites Web :
http://www.canadianfga.ca/
http://www.foragegenetics.com/