Un test de performances permet l’évaluation de l’investissement d’une exploitation agricole en machinerie

Depuis 1998,Ted Nibourd, spécialiste en gestion d’entreprise pour Alberta Agriculture and Rural Development, observe les cultivateurs de grains et l’investissement des éleveurs de bovins en machinerie agricole.  Il emploie un taux de référence de l’investissement en machinerie (valeur du marché) par acre, divisé par le revenu brut par acre.

« Au-dessus d’un taux de référence de 2, les coûts de machinerie commencent à devenir difficiles à gérer, dit M. Nibourg.  Pour les éleveurs de bovins, qui ont un taux d’investissement faible en machinerie, le taux de référence est aux environs de 1.

Le point de référence est important pour bien plus de raisons que le simple impact économique d’avoir plus de paiements d’équipement à effectuer.  Il aide les agriculteurs à déterminer la sur-utilisation ou la sous-utilisation de leurs moyens lorsqu’il est question de réaliser les activités de production en temps voulu.

De façon générale, si le point de référence est au-dessus de 2 pour les cultivateurs de grains, alors l’exploitation peut avoir un taux d’investissement trop grand en machinerie et cette dernière peut se révéler au bout du compte un fardeau financier.  Si c’est le cas, M. Nibourg suggère que l’exploitation songe à louer plus de terres pour répartir les coûts de machinerie sur une plus grande superficie, faire plus d’agriculture personnelle, ou réduire l’équipement pour mieux s’harmoniser avec la base agricole.

M. Nibourg a analysé les données de Statistique Canada pour l’Alberta entre 1998 et 2011.  Il a observé certaines tendances générales intéressantes qui reflètent les bons et mauvais moments de l’agriculture dans les Prairies.  Les valeurs démontrées sont les valeurs du marché et ne reflètent pas la dépréciation ou la reprise :

  • Les agriculteurs de l’Alberta avaient généralement entre 11 et 18 % du total de leur capital agricole investi dans la machinerie.
  • Durant la période de l’analyse, l’investissement dans la machinerie en pourcentage du capital agricole total a diminué.
  • Bien que le taux ait diminué, l’investissement total a augmenté. En 1998, les agriculteurs de l’Alberta avaient investi 8,25 G $ en machinerie. Ce montant a graduellement augmenté et il était légèrement inférieur à 11 G $ en 2011.
  • L’investissement en machinerie par acre a augmenté de façon pratiquement linéaire, passant de 159 $/acre en 1998 à 216 $/acre en 2011.
  • Les revenus nets d’exploitation en pourcentage d’investissement en machinerie a varié entre un sommet de 22,45 % en 2002 et un faible taux de 8,62 % en 2003. Les revenus nets d’exploitation sont calculés avant la dépréciation de la machinerie.

En observant plus particulièrement le taux de référence pour les cultivateurs de grains, le taux moyen était de 1,69 entre 1998 et 2011.  Cela signifie que l’agriculteur albertain typique a en moyenne, à long terme, 1,69 $ d’investi en machinerie pour chaque dollar qu’il reçoit en revenu brut annuellement :

  • Le taux pour les cultivateurs de grains à augmenté de 1,72 en 1998 à un sommet de 2,29 en 2003.
  • Depuis 2003, ce taux a diminué progressivement pour atteindre 1,06 en 2011.

M. Nibourg explique qu’en utilisant un taux de dépréciation de gestion (comparativement aux taux de déduction pour amortissement) de 10 %, on peut observer à partir du taux moyen à long terme de 1,69 que les coûts fixes de machinerie totalisent environ 17 % des revenus bruts par acre. Le taux de 2,29 en 2003, lorsque le prix des grains était bas, signifiait que 22,9 % des revenus bruts par acre devait couvrir l’investissement en machinerie.  En 2011, par contre, le taux de référence de 1,06 signifiait que 10,6 % des revenus bruts par acre devait couvrir l’investissement de l’exploitation agricole en machinerie.

Pour les exploitations d’élevage, le taux moyen à long terme est de 1,06, mais celui-ci a oscillé entre un fond de 0,80 en 2011 et un sommet de 1,24 en 2009. La tendance est plus stable, mais on a remarqué une hausse dans les dernières années.

« Les éleveurs n’ont pas autant besoin de machinerie, mais j’ai pu remarqué beaucoup de nouveaux camions et de remorques le long des routes au cours des dernières années, alors le taux de référence augmente », précise M. Nibourg.

Pour les éleveurs et les cultivateurs de grains, le taux de référence est influencé par le prix des marchandises.  Un prix plus élevé des grains ou des bovins peut faire baisser le taux de référence, comme on l’a vu récemment chez les cultivateurs de grains qui ont subi les prix élevés du canola et du blé.  Par contre, tandis que les éleveurs connaissaient de bons prix pour les bovins dans le début des années 2000, ces prix ont chuté après la crise de l’ESB, faisant ainsi augmenter le taux de référence des animaux d’élevage.

Les coûts de machinerie influencent également le taux de référence, puisque des coûts plus élevés font grimper également le taux de référence.  Cependant, les coûts de machinerie ne changent pas autant que les prix des marchandises, alors ils ont un moindre impact sur les changements d’année en année sur le point de référence.

« On doit garder à l’esprit qu’un bon rendement de culture dans les dernières années, combiné avec le relâchement de l’investissement en machinerie comparativement au total de l’investissement agricole, a entraîné ce taux décroissant, dit M. Nibourg. Une autre raison pourrait être le remembrement des exploitations. Les producteurs répartissent l’investissement en machinerie sur une plus grande quantité d’acres. Durant cette période, la taille moyenne d’une exploitation agricole a augmenté de presque un tiers. »

M. Nibourg souligne que le point de référence est un bon point de départ pour les propriétaires d’exploitation agricole qui évaluent leur investissement en machinerie, mais que c’est pas une règle stricte étant donné que les besoins en machinerie varient selon la productivité des terres, la spécialisation dans les cultures et l’élevage et la tolérance aux risques.  Il dit que le taux de référence est une indication et que les agriculteurs doivent en tenir compte par rapport à leur situation personnelle.

« Les agriculteurs de l’Alberta ont fait du bon travail pour parvenir à ce point de référence, dit M. Nibourg. Les dossiers des cinq dernières années démontrent que le ratio est bien en deça de la moyenne à long terme. Cela pourrait être un bon moment pour les gestionnaires d’exploitation agricole d’évaluer les composants du matériel de leur exploitation et d’acheter possiblement de l’équipement supplémentaire pour améliorer leur efficience, remplacer la machinerie existante ou se procurer de nouvelles technologies. »

Personne-ressource :

Ted Nibourg

Alberta, sans frais : 301-3276

403-742-7901

Courriel :  [email protected]

 

SITES WEB :

http://www.agric.gov.ab.ca/app21/infopage?cat1=Business%20%26%20Economics

http://www23.statcan.gc.ca/imdb/p2SV.pl?Function=getSurvey&SDDS=3471&lang=en&db=imdb&adm=8&dis=2