Une idée brillante et originale peut certainement révolutionner une exploitation agricole. Mais il existe une autre façon : cultiver une idée qui a un certain potentiel et voir où elle peut mener.

Faut-il absolument avoir une illumination pour transformer une exploitation agricole?

Les producteurs que nous vous présentons dans le numéro actuel du Gestionnaire agricole canadien sont tous des innovateurs. Toutefois, la transformation de leur exploitation agricole a commencé d’une façon étonnamment modeste : accroissement des populations d’insectes, matériel agricole sujet aux pannes, objectif lancé à la blague et surabondance de carottes.

Dans le cas de Dustin Williams, le processus qu’il a suivi ressemblait à un jeu de points à relier. Après que son père eut adopté le semis direct dans les années 1990, la surface des champs couverts de paille se mit à grouiller d’insectes, notamment d’insectes bénéfiques qui se sont attaqué à leurs cousins qui endommageaient les cultures. L’adoption de cette pratique diminuait le besoin de pulvériser des insecticides et par le fait même les dépenses. Aujourd’hui, Williams et sa conjointe Laura McDougald-Williams appliquent une foule de pratiques pour favoriser la santé du sol et diminuer les coûts des intrants.

Sur la ferme ovocole de Gerald Renkema, les événements se sont enchaînés de fil en aiguille. Il a commencé par installer un système d’alimentation fiable pour finalement se lancer dans la production végétale. Le récit de ce producteur de l’Ontario est également un exemple de ce qui signifie l’expression « travailler sur et non seulement dans votre entreprise. »

Joas et Lisa van Oord souhaitaient prendre la relève de la ferme laitière familiale sans toutefois croupir dans les dettes. Joas ne savait pas trop comment y parvenir, mais il avait lancé à la blague que l’une des solutions serait d’augmenter la productivité de 25 %. Cette blague s’est concrétisée après que Joas eut mis cet objectif ambitieux dans son plan d’affaires et eut commencé à examiner chacune de ses pratiques dans le but d’accroître l’efficacité.

Si Helen Green et Andrew Cassidy n’avaient pas semé autant de carottes dans leur potager, ils n’auraient probablement jamais eu de produits frais à vendre au marché de Hay River, dans les Territoires du Nord-Ouest. Bien qu’ils soient maraîchers à temps partiel, ils ont réussi à amener les consommateurs à prendre conscience de leur attitude envers les aliments, un exercice dont pourraient bénéficier leurs voisins du Sud.

Le présent numéro du Gestionnaire agricole canadien se veut le premier de deux numéros consacrés au thème de l’innovation. Les producteurs présentés ont un dénominateur commun : leurs formidables nouvelles idées ne sont pas arrivées avec la rapidité de l’éclair. Ils ont transformé leur exploitation en semant les graines de l’innovation. Une petite graine qui, grâce à de bons soins, n’a cessé de grandir.

Ces récits permettent de penser que les graines du changement sont partout autour de nous et n’attendent qu’à être placées dans un sol fertile.