La sécheresse qui frappe le Midwest des États-Unis accapare l’attention des médias à l’échelle mondiale. On parle beaucoup des répercussions à court terme de cette sécheresse, notamment les rendements réduits et les prix élevés des cultures.
Même si les impacts immédiats sur les producteurs sont évidents (positifs pour les producteurs de cultures, négatifs pour les éleveurs de bétail), on comprend moins bien quels seront les effets à long terme de cette sécheresse sur l’agriculture canadienne. Une réflexion sur les répercussions à long terme de la sécheresse aux États-Unis sur votre industrie peut vous aider à mettre votre entreprise sur le cap de la réussite.
On compare souvent la sécheresse qui touche les États-Unis cette année à celle de 1988, année où la production de maïs a été inférieure de 36 % aux attentes initiales. La grande différence en 2012 est que les stocks aux États-Unis sont nettement inférieurs à la moyenne historique.
Une façon d’évaluer l’ampleur des déficits de production et le faible niveau des réserves consiste à examiner les stocks disponibles à la fin de l’année en proportion des achats totaux effectués durant l’année. C’est ce qu’on appelle le ratio stocks-utilisation. Plus ce ratio est bas, plus l’offre est restreinte et plus les prix sont élevés.
Les dernières projections du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) indiquent un ratio stocks-utilisation de 4,2 % pour le soja à la fin de la campagne de vente 2012-2013, soit le ratio stocks-utilisation le plus faible depuis 1965 pour le soja des États-Unis.
La demande croissante de céréales et d’oléagineux contribue aussi à la faiblesse des ratios stocks-utilisation. L’essor de la production d’éthanol aux États-Unis ces 10 dernières années est un excellent exemple de cette tendance. Toutefois, une étude récente de la Iowa State University indique qu’un changement de la politique gouvernementale des États-Unis concernant l’éthanol n’apporterait qu’un faible allègement des coûts des aliments pour les éleveurs de bétail en raison des prix relativement élevés de l’essence et des faibles prix de l’éthanol.
Compte tenu de l’importance des États-Unis au chapitre de la production mondiale de maïs et de soja, l’insuffisance prévue de l’offre entraîne les prix à la hausse. En effet, le prix du maïs aux États-Unis pour livraison en septembre est passé de 5,12 $ US à 8,10 $ US entre le 15 juin et le 30 août.
Cette appréciation des prix a signalé aux acheteurs qu’ils devaient envisager des cultures autres que le maïs et le soja pour satisfaire à la demande de céréales fourragères et de grains utilisés à d’autres fins. En conséquence, les acheteurs examinent des marchés comme celui de l’orge, du blé et du canola, ce qui exerce des pressions à la hausse sur les prix de ces marchandises.
La sécheresse soutiendra les prix élevés des cultures pendant un certain temps, peut-être même jusqu’après la récolte de l’année prochaine, lorsque les stocks pourront commencer à se reconstituer.
La récolte de l’Amérique du Sud ne pourra pas rétablir les réserves mondiales et la hausse des prix devra être jugulée par des récoltes abondantes de maïs et de soja aux États-Unis.
On prévoit aussi des semis quasi records de maïs et de soja au Canada en 2013. Le retrait d’acres du Conservation Reserve Program des États-Unis et la conversion de champs de foin et de pâturages en champs consacrés à des cultures commerciales devraient se poursuivre, ce qui fera augmenter la demande d’engrais. Les producteurs devraient donc surveiller les prix au cours des prochains mois pour être en mesure de déterminer le meilleur moment pour acheter leurs intrants.
Le secteur du porc est durement éprouvé par les prix élevés des aliments pour animaux. Cette situation risque de se poursuivre jusqu’à l’année prochaine, et être aggravée par la vigueur accrue du dollar canadien et par l’économie mondiale chancelante.
Il est essentiel que les producteurs gèrent les coûts en bloquant les prix chaque fois que des conditions favorables se présentent. Les producteurs de porcs devraient réexaminer les rations alimentaires afin de déterminer s’il existe une option plus économique. La demande étrangère de porc mettra peut-être un frein à la chute des prix, dans la mesure où les exportations canadiennes vers des pays comme la Russie, la Corée du Sud et la Chine continuent d’augmenter. Les marchés à terme indiquent que les marges de profit dans le secteur du porc ne s’amélioreront peut-être pas avant le printemps prochain.
Par ailleurs, la liquidation du cheptel de bovins aux États-Unis fait diminuer les prix en raison du nombre accru de bovins commercialisés.
Les prix actuels des aliments pour animaux aux États-Unis et l’état actuel des pâturages retarderont l’expansion du troupeau. C’est peut-être une bonne nouvelle à moyen et à long terme pour les éleveurs de bovins du Canada, en ce sens que cela crée une occasion d’intensifier la rétention des génisses et de tirer profit de prix plus élevés au cours des trois à quatre prochaines années. À mesure que les effets des conditions de sécheresse se dissiperont l’année prochaine, il y aura une demande vigoureuse de bovins accompagnée d’une appréciation des prix des bovins, dans un contexte où les éleveurs américains essaieront de reconstituer leurs troupeaux.
La présente sécheresse aura-t-elle plus un impact à long terme ou à court terme sur votre entreprise?
La vigueur soutenue des prix des produits agricoles de base permettra aux producteurs de cultures de rembourser leurs dettes ou bien d’investir dans des actifs productifs. Les éleveurs de porcs et de bovins doivent continuer de chercher à obtenir des gains d’efficience au chapitre de la formulation des régimes et des équipements agricoles. Dans le contexte actuel où les prix des cultures sont élevés et où les marchés sont volatils, il est impératif que les producteurs gèrent les risques liés aux prix des intrants et des extrants. L’élaboration et le respect d’un plan de marketing peuvent vous aider à réussir dans un environnement volatil.
Pour obtenir plus d’information sur l’élaboration d’un plan de marketing, consultez le
http://www.fcc-fac.ca/en/LearningCentre/multimedia/farm_management/
marketing_risk_plan_e.asp (en anglais seulement).