Le début d’une nouvelle année nous amène toujours son lot de projections et de prévisions et représente un moment opportun pour examiner les possibilités et les défis futurs. Pour vous aider à axer vos activités sur les enjeux les plus importants pour l’agriculture canadienne, voici la liste des cinq principaux facteurs économiques que nous vous recommandons de surveiller en 2013.

La croissance économique mondiale

La croissance économique en Occident a été anémique, et on n’entrevoit guère de changement pour 2013. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de seulement 0,2 % pour la zone euro cette année. Les mesures d’austérité radicales imposées par les gouvernements ont fait en sorte que le chômage est demeuré élevé dans de nombreux pays d’Europe. Surveillez la France et l’Allemagne, qui ressentent la pression découlant des années successives de difficultés financières de leurs voisins.

Les nouvelles économiques émanant des États-Unis sont un peu plus encourageantes. Le marché de l’habitation au sud de la frontière a atteint un creux au début de l’année dernière et continue de se relever de la débâcle de 2008-2009. Les États-Unis n’ont pas recouvré tous les emplois perdus durant la récession, mais les chiffres sur l’emploi remontent progressivement vers les niveaux antérieurs.

Depuis les dernières années, l’émergence d’une classe moyenne croissante dans les pays en développement se traduit par une demande grandissante pour les produits agricoles canadiens. Même si la croissance des revenus est en diminution dans bon nombre de ces marchés, elle demeure nettement supérieure à celle qu’on observe dans les pays développés. Certains signes indiquent que la Chine amorce une transition positive qui l’amènera à diminuer sa dépendance vis-à-vis des investissements et à stimuler la consommation intérieure. Cette transition permettrait au pays de maintenir le rythme de croissance du revenu observé actuellement et d’éviter un ralentissement économique majeur.

Les perspectives de production

Les conditions de la production à l’échelle mondiale devraient toujours figurer parmi les cinq principaux enjeux agricoles. Les stocks mondiaux des principales cultures devraient demeurer restreints comparativement à la demande prévue. Il est peu probable qu’une grande sécheresse frappe pour une deuxième année d’affilée, mais des conditions météorologiques défavorables aux États-Unis, en Australie ou en Amérique du Sud pourraient provoquer une nouvelle hausse des prix des cultures. Les éleveurs de bétail salueraient un allégement des prix des aliments pour animaux, mais devront peut-être composer avec des prix supérieurs à la moyenne tout au long de 2013.

La valeur des terres agricoles

La valeur des terres agricoles en Amérique du Nord s’accroît rapidement depuis plusieurs années. Le rapport Valeur des terres agricoles de FAC fait état d’une hausse moyenne de 8,6 % de la valeur des terres canadiennes au cours des six premiers mois de 2012.

Les perspectives de la valeur des terres agricoles sont largement influencées par les taux d’intérêt et les recettes des cultures.  Ces deux facteurs expliquent en grande partie les tendances de la valeur des terres agricoles. L’inflation est inférieure à la cible de six mois de la Banque du Canada et, de façon générale, on prévoit que les tensions inflationnistes demeureront faibles compte tenu des défis de l’économie mondiale.

Il est impossible de prévoir avec certitude comment évolueront les taux d’intérêt dans l’avenir, mais il est plausible qu’ils demeurent bas jusqu’au deuxième semestre de 2013. Compte tenu des faibles ratios stocks-utilisation des céréales et des oléagineux, les recettes des cultures devraient demeurer élevées, à moins que le Canada soit frappé par une catastrophe météorologique. La valeur des terres agricoles devrait continuer d’augmenter dans les Prairies et dans les provinces centrales en 2013, mais peut-être à un rythme moins rapide qu’en 2012.

La productivité

Les recettes monétaires agricoles en 2012 ont dépassé celles de 2011 à l’échelle du Canada, ce qui témoigne de l’enthousiasme et de l’optimisme dans l’industrie agricole. Toutefois, des recettes élevées peuvent amener les entreprises à perdre de vue les marges bénéficiaires.

Les producteurs doivent impérativement continuer à chercher des gains d’efficience et de productivité. Les investissements dans la terre, l’équipement et la technologie doivent s’inscrire dans l’optique de résultats à long terme. L’innovation et la productivité sont clairement des domaines prioritaires du cadre stratégique pour l’agriculture Cultivons l’avenir 2, qui sera lancé en avril 2013.

Les entreprises canadiennes de transformation des aliments doivent aussi se pencher sur leur compétitivité après quelques années consécutives de stagnation de la productivité. Cela est particulièrement important compte tenu des gains des concurrents des États-Unis et de la possibilité que les négociations de libre-échange avec l’Union européenne aboutissent en 2013. Il pourrait en découler un accès accru au marché pour les produits canadiens, mais aussi une concurrence intensifiée sur notre marché national.

 

Le marché du travail

Les statistiques sur l’emploi continuent de diverger entre les provinces des Prairies et l’Est du Canada. La solide performance économique enregistrée dans l’Ouest canadien fait en sorte que le taux de chômage y demeure bas, ce qui exerce une pression à la hausse sur les salaires. Nous pouvons nous attendre à une migration des travailleurs vers les régions du pays qui connaissent une forte croissance et qui manquent de main-d’œuvre qualifiée. Le marché du travail peut être assez délicat et, dans ce contexte, certaines entreprises risquent d’avoir du mal à trouver des employés qualifiés.

L’agriculture est une industrie dynamique et complexe. Les 12 prochains mois seront porteurs de nombreux débouchés et comporteront leur lot habituel de difficultés et de surprises. Dans un an, nous trouverons assurément des enjeux qui, en rétrospective, auraient dû figurer dans notre liste des cinq principaux facteurs. Nous nous engageons à rester à l’affût tout au long de l’année et à expliquer en détail les répercussions de ces enjeux sur les producteurs et les agroentrepreneurs à l’échelle du Canada. Quel est le plus important facteur à surveiller pour votre entreprise en 2013?

Lisez la chronique de Jean-Philippe Gervais dans FAC Express – le bulletin électronique de l’agriculture canadienne. Abonnez-vous à www.fac.ca/express et demeurez au fait des nouvelles, vidéos et balados sur l’industrie.