LAKE SHUSWAP, C.-B. – En février 2008, Kristen et Bruce Jordan étaient somme toute des nouveaux venus dans la communauté agricole et leurs ambitions étaient grandes par rapport à leur nouvelle entreprise située dans la région fertile de Central Saanich.
Avec l’aide de cinq employés à temps plein, ils faisaient la culture de pommiers de multiples variétés, allant des Chisel Jerseys aux Kingston Blacks. Le pressage se faisait de façon traditionnelle, à l’aide d’un pressoir à cidre, et la fermentation se produisait dans de grandes cuves dans leur maison à cidre de 6 000 pi2 qui domine majestueusement le canal Cordova.
La Sea Cider Farm and Ciderhouse faisait la production de cidres certifiés biologiques de haute qualité comme Wild English, Flag Ship, Kings and Spies, Pippins, Rumrunner, Pommeau, Cyser et Pomona.
Quatre ans plus tard, Kristen Jordan fait une rétrospective de l’expansion considérable de son entreprise et tente de déterminer quels sont maintenant les nouveaux objectifs opérationnels. Elle se rappelle ainsi également un long périple qui a eu ses hauts et ses bas, particulièrement sur la vie personnelle de son couple.
« Bruce et moi nous divorçons, confie-t-elle. Il me vendra ses parts de l’entreprise et, d’ici les six prochains mois, j’en serai l’unique propriétaire. »
« L’entreprise se porte très bien et il s’agit là du seul nuage à l’horizon; le fait que nos vies personnelles en ont souffert, dit-elle. Le meilleur conseil que je puisse donner aux nouveaux agriculteurs est qu’il est nécessaire d’avoir des discussions franches dès le départ sur la façon d’établir un équilibre entre la vie privée et le travail. On se doit de toujours être attentif à l’autre et de prendre le temps de s’assurer que tout va pour le mieux. »
Lorsqu’elle parle de l’entreprise, Susan le fait avec une note de sincère fierté, soulignant le rendement total de 40 000 L de l’année précédente, bien au-delà des 25 000 L qu’elle projetait il y a quatre ans. L’objectif est de produire 60 000 L à partir de la récolte de 2012, puis 100 000 L d’ici les trois prochaines années.
« En 2008, on ne faisait la vente de produits qu’en C.-B., surtout sur l’île de Vancouver, dit-elle. Maintenant, nos produits se vendent partout dans la province, ainsi qu’au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta, au Yukon et dans les États de l’Oregon, de Washington et du Minnesota. »
« Nous nous sommes introduits sur le marché américain l’année dernière et le potentiel là-bas est gigantesque, dit-elle. Notre chiffre d’affaires a littéralement explosé et c’est des États-Unis qu’est venue la plus forte croissance — et c’est de là qu’elle continuera de venir. Pour le moment, nos ventes à l’extérieur de la province comptent pour environ 15 % de nos revenus. Au cours des trois prochaines années, par contre, cela augmentera probablement à 50 %, principalement aux États-Unis. »
Les médias sociaux ont joué un rôle important dans le plan de commercialisation de l’entreprise en général, la liant de près aux consommateurs. La plupart d’entre eux se situent maintenant bien au-delà des frontières de la C.-B., mais il y a toujours une interaction fraîche et pertinente.
« En 2008, on employait cinq personnes, dit-elle. Aujourd’hui, on compte environ 17 employés, dont six qui travaillent à temps plein. Nous produisons environ une douzaine de variétés de cidres différents séparés en deux catégories : certains sont produits en assez grandes quantités pour en avoir de sur le marché à longueur d’année, tandis que les variétés saisonnières ne le sont que quelques mois par année. »
« Nous avons maintenant certains dossiers de lignes de crédits auprès de Financement agricole Canada et de la Banque TD. Je planifie retourner consulter FAC bientôt pour demander du financement supplémentaire pour l’achat d’équipement de production. Nous possédons quatre acres de vergers et on fait aussi l’achat de produits auprès d’autres agriculteurs. »
Toujours membre de la BC Fruit Testers Association et de la Direct Farm Marketing Association de l’île de Vancouver, l’entreprise fait maintenant partie de Tourism Victoria et de la chambre de commerce régionale.
Les deux enfants, Thomas et Evelyn, âgés de 10 et 12 ans respectivement, voient l’entreprise comme un plus dans leur vie, leur mère soulignant au passage qu’ils ont un sens entrepreneurial très développé.
Pour ce qui est de donner des conseils aux nouveaux agriculteurs, Jordan n’y va pas par quatre chemins.
« On se doit d’avoir une passion pour ce genre de chose, sinon cela devient vite éreintant, dit-elle. Ce n’est pas un emploi du genre “de neuf à cinq”; j’ai passé les quatre dernières heures à m’occuper de la commercialisation seulement. On doit travailler lorsque cela est nécessaire, peu importe le moment, mais la récompense engendrée est inestimable. »
« Le monde d’aujourd’hui demande de plus en plus aux agriculteurs d’avoir un bon sens des affaires, ajoute-t-elle. Ce n’est pas suffisant de savoir comment cultiver des pommes ou produire quelque denrée que ce soit : il faut aussi savoir comment en faire une entreprise. C’est une chose de se lancer en agriculture comme un choix de style de vie, mais il faut aussi pouvoir être capable de traiter les données et de comprendre ce qu’on accomplit en tant qu’entreprise. »
« Cela peut parfois être difficile, admet-elle, mais au bout du compte, je suis contente des décisions que j’ai prises au départ. »
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur Sea Cider Farm and Ciderhouse, allez sur leur site Web : www.seacider.ca.