Les propriétaires d’une pépinière à Chilliwack, en Colombie-Britannique doivent leur succès, du moins en partie, à un héritage d’innovation en sécurité agricole.

Gordon Mathies et sa filleTamara Mathies — qui représentent la deuxième et la troisième génération de Mathies qui exploitent Cannor Nurseries— perpétuent une tradition familiale d’accorder la haute priorité aux pratiques agricoles sécuritaires à la pépinière.« On ne peut pas être partout à chaque instant, » déclare Gordon Mathies, président actuel de Cannor Nurseries.« Il s’agit vraiment de la responsabilité des employés pour leur propre sécurité.»

Gordon Mathies reconnaît son père comme le premier innovateur en matière de sécurité dans leur exploitation, parce qu’il s’est rapidement impliqué avec la Farm and Ranch Safety and HealthAssociation (FARSHA)— l’association de sécurité de la Colombie-Britannique pour les employeurs agricoles—au début des années 1990 quand l’organisation était à peine lancée. Une vingtaine d’années plus tard les Mathies ont élargi leur exploitation et ont multiplié leurs efforts relatifs à la sécurité. Cannor est la plus grande pépinière industrielle dans l’Ouest canadien et Gordon Mathies siège actuellement au Conseil d’administration de FARSHA et participe aux activités de l’Association canadienne de sécurité agricole (ACSA). Au niveau de la pépinière,les Mathies ont établi une série de procédures formelles de sécurité, lesquelles, selon Gordon Mathies, démontrent un engagement soutenu à la sécurité depuis le temps où son père était à la tête de l’exploitation.

La pépinière fonctionne maintenant avec un comité de sécurité désigné, des réunions de sécurité formelles, et un manuel écrit sur la sécurité agricole. Sa fille, Tamara Mathies, a rédigé leur manuel de sécurité et joue le rôle d’agent de sécurité de l’entreprise. Pour Gordon Mathies, il est simplement question d’une affaire de bon sens.« Si l’on adopte une culture de sécurité à la ferme, cela signifie qu’il faut songer à de nouvelles façons d’accomplir les tâches pour les rendre aussi efficaces qu’auparavant, mais de façon sécuritaire, » indique-t-il. Parler de la sécurité avec vos employés les encouragent à y penser aussi. »

En tant qu’entreprise familiale, Tamara Mathies dit qu’il lui est important que ses collègues comprennent qu’elle se soucie d’eux professionnellement et personnellement. « Si le personnel croit que vous ne vous préoccupez pas de leur sécurité, ils ne s’intéresseront pas à travailler fort pour vous, » souligne t-elle.

Wendy Bennett est la directrice générale de FARSHA et elle a travaillé avec les Mathies et d’autres familles de la Colombie-Britannique pour identifier et contrôler les dangers sécuritaires à la ferme Mme Bennett dit qu’elle a vu en personne l’implication très forte des employés chez Cannor Nurseries Bien que leur point de mire sur la sécurité vienne d’en haut, elle dit qu’elle est démontrée plutôt que prêchée.« Tous les travailleurs sont accueillis avec des suggestions et idées ou quand ils remarquent que les situations ne sont pas aussi sécuritaires qu’on le veuille,» dit-elle. Ils font un remue-méninges par la suite, et les Mathies encouragent la participation de leurs employés parce que c’est eux qui accomplissent les tâches.

« Nous sommes la gestion, mais cela ne signifie pas que nous savons toujours mieux et nos corps ne font pas le travail huit heures par jour! » lance Tamara Mathies, qui fait des études à temps partiel en santé et sécurité au travail avec la British Columbia Institute of Technology.

Mme Bennett se rappelle d’une visite à la pépinière, où elle a remarqué des travailleurs qui roulaient dans un chariot automoteur avec de grandes roues. Ils l’utilisaient pour tailler le feuillage bas au lieu de se courber et le faire à la main. Mme Bennett signale que le travail en position courbée pendant une période prolongée présente un risque considérable d’une blessure musculo-squelettique. Le personnel de Cannor Nurseries le savait aussi. Ils ont donc présenté leur idée de chariot au comité de sécurité. « Les Mathies étaient prêts à dire ‘essayons quelque chose de différent,’ et non parce qu’il fallait qu’ils le fassent. Mais ils ont pour ainsi dire éliminé complètement ce risque…et les travailleur sont initié la pratique, » ajoute Mme Bennett.

Glen Blahey est spécialiste en sécurité et santé agricoles à l’Association canadienne de sécurité agricole. Il dit que l’ergonomie, ou la science appliquée de conception de l’équipement visant la réduction des blessures, est très importante pour les pépinières et les cultivateurs de fruits et légumes. « Ces industries impliquent souvent beaucoup de courbure, de soulèvement et de mouvements répétitifs, ce qui peut mener à des foulures des mains, poignets, bras, épaules et du dos et de la nuque, » indique-t-il. Si les employeurs prennent le temps pour aider à réduire les microtraumatismes par le biais de l’ergonomie comme le chariot, des techniques de manipulation, une bonne posture et des pauses fréquentes, ils constateront les bénéfices,» ajoute-t-il, signalant que moins de travailleurs s’absenteront à cause d’une blessure et les travailleurs auront généralement une meilleure santé.

Quand les travailleurs chez Cannor ont reçu le feu vert, ils ont bâti le chariot eux-mêmes. Mme Bennett dit que cela renforce non seulement les procédures de sécurité mais aussi l’efficacité.« J’observais les hommes et ils peuvent travailler toute la journée parce qu’ils sont assis; ils poussent avec les pieds; ils ont un angle confortable; ils ne se cassent pas le dos; ainsi ils peuvent tailler les branches basses; ensuite ils peuvent marcher et faire l’élagage au niveau de la taille.»

Tamara Mathies dit que c’est une solution à laquelle elle n’aurait jamais pensé elle-même comme agente de sécurité. C’est exactement pour cela qu’elle s’assure qu’il y a un représentant de chaque aspect de l’en treprise — y compris la gestion, l’expédition, le conditionnement et le travail sur le terrain — au comité de sécurité. Elle garde également une place pour un représentant d’anglais langue seconde puisque la pépinière emploie plusieurs travailleurs originaires des Indes orientales qui sont plus à l’aise signalant quelque chose dans leur langue maternelle.

Tamara Mathies dit que le plus elle s’informe sur la sécurité, le plus elle se rend compte qu’être proactif en matière de sécurité dans le lieu de travail économise vraiment du temps et de l’argent pour une entreprise. Les travailleurs contents sont des travailleurs productifs. « Nous voulons tenir les gens au courant autant que possible sur tout ce que nous faisons pour qu’ils se sentent plus à l’aise dans l’exécution de toutes les tâches que nous leur demandons de faire, » dit-elle.

Gordon et Tamara Mathies forment une des quatre familles de producteurs de tout le Canada qui sont accepté d’ouvrir grand les portes de leur grange et communiquer leurs histoires de sécurité agricole au moyen de YouTube dans la période précédant la Semaine canadienne de la sécurité en milieu agricole de 2014.Cette année la campagne d’éducation sur la sécurité agricole aura lieu du 9 au 15 mars sous le thème « Parlons-en! » qui est axé sur l’ importance de la communication dans le lieu de travail agricole. La campagne est organisée par l’Association canadienne de sécurité agricole et la Fédération canadienne de l’agriculture, avec le soutien cette année du Gouvernement du Canada dans le cadre de Cultivons l’avenir 2, Financement agricole Canada, Ag for Life, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’Alberta, CHS, Imperial Oil et Pioneer Hi -Bred Limited. Pour voir de près l’exploitation des Mathies, visitez www.semainesecuriteagricole.ca.