Plusieurs projets de recherche de la BC Future Forest Ecosystem Scientific Council (FFESC) s’intéressent à adapter la structure de gestion des forêts et des parcours aux changements climatiques. « Dans le cadre d’un projet plus vaste du FFESC, nous étudions les différentes possibilités de modifier la gestion des pâturages afin d’augmenter la séquestration du carbone et d’aider les éleveurs à faire des profits », explique Lauch Fraser, professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les communautés et l’écologie des écosystèmes de Thompson Rivers University à Kamloops, C.-B.
M. Fraser et son équipe ont mené des recherches sur les changements climatiques au parc Lac du Bois Grasslands près de Kamloops; un parc provincial de 15 000 hectares ayant un long passé de gestion des pâturages. Ce parc naturel de pâturages est unique en son genre et comporte un système diversifié de pâtures variant selon les changements abrupts d’altitude. M. Fraser étudie la capacité de séquestration du carbone des prairies tempérées telles que celles de ce parc.
« La C.-B. est dans une situation plutôt unique en raison de sa taxe sur le carbone qui est rattachée au Pacific Carbon Trust », explique M. Fraser. Le Pacific Carbon Trust est une société d’État de la C.-B. ayant comme mandat et engagement la réduction réelle et permanente des gaz à effet de serre. « Ceci signifie qu’il y a une possibilité d’échanger les droits d’émission de carbone sur le marché. La plupart des transactions effectuées à ce jour sont reliées à l’amélioration de l’efficacité dans l’industrie des combustibles fossiles, mais les changements dans la gestion des parcours démontrent aussi un potentiel. »
Cependant, M. Fraser remarque qu’il est difficile de faire reconnaître les pratiques de gestion des parcours comme mesure pour stocker le carbone; de nombreux systèmes d’échange de droits d’émission de carbone veulent voir des changements réels. « Ce qui est ennuyeux c’est de convaincre les responsables des politiques que l’industrie d’élevage et la manière dont les éleveurs utilisent le sol sont positives et propices à la séquestration du carbone », mentionne M. Fraser. « Nous croyons fortement qu’une bonne gestion continue des parcours peut aussi mener au stockage du carbone. De plus, nous souhaitons récompenser les gestionnaires qui ont de bons systèmes et appliquent les meilleures pratiques de gestion. »
Gestion des pâturages et séquestration du carbone 
M. Fraser et son étudiant diplômé ont entamé leur recherche sur la gestion des pâturages en 2010 en analysant la possibilité de stockage du carbone dans les pâturages du parc Lac du Bois Grasslands. « Nous avons examiné les recherches prometteuses de M. Franzluebbers, écologiste pour l’USDA, ainsi que ses études à long terme qui proposent que le pâturage moderne soit bénéfique aux processus de développement des sols et puisse augmenter la séquestration du carbone », explique M. Fraser. « Nos recherches et expériences ont aussi démontré que le pâturage peut améliorer véritablement la qualité des parcours grâce aux processus de développement des sols et à l’efficacité de stockage ou de séquestration du carbone. Le potentiel varie selon le type de pâturage et c’est ce que nous devons mieux comprendre. »
L’étude consiste à comparer les pâturages en haute altitude, dont le contenu en carbone du sol devrait être plus élevé, avec les pâturages à basse altitude. « Nous menons aussi des expériences au cours desquelles nous modifions la température et les précipitations afin de déterminer l’effet qu’elles ont sur le potentiel de séquestration du carbone », mentionne M. Fraser. « Une des expériences consiste à réchauffer des parcelles à l’aide de cuves à toit ouvert situées à différentes altitudes. Une autre expérience consiste à modifier les précipitations de pluie en couvrant les parcelles traitées d’un abri pluvial et en les arrosant manuellement. Le broutage est simulé grâce au cisaillement de la biomasse des parcelles. »
Plusieurs outils sont utilisés pour mesurer la quantité de carbone dans le sol, la respiration du sol et d’autres facteurs ainsi que l’interaction de ces variables. M. Fraser essaie de suivre les dynamiques du carbone et la manière dont les différents traitements en affectent le cycle. « Nous en sommes qu’au début du projet, mais les données préliminaires démontrent que les sols à faible rendement contiennent peu de carbone et les sols à haut rendement contiennent un taux de carbone plus élevé », explique M. Fraser. « Et comme prévu, la couche supérieure du sol, ou les quinze premiers centimètres, contient plus de carbone. Toutefois, notre objectif principal est de comprendre comment l’arrosage et le cisaillement perturbent les bassins de carbone, qui, au bout du compte, influenceront l’équilibre du carbone et l’échange des droits d’émission. »
M. Fraser et son étudiant prévoient terminer le projet à l’été 2012, ils auront alors plus de résultats. « Nos projets en cours font partie d’un projet à long terme au cours duquel nous essayons d’extrapoler, sur une plus grande échelle, des liens à partir des études de cas plus petits. C’est difficile, mais stimulant et nous utilisons certains modèles SIG pour nous pencher sur une plus grande échelle et pour cartographier l’utilisation des terres démontrant un potentiel pour le stockage du carbone. »
Les résultats de recherche fourniront de l’information pour d’éventuelles discussions avec les responsables des politiques et le Pacific Carbon Trust pour démontrer les avantages d’une gestion des pâturages relatifs au stockage de carbone. « J’ai entamé des discussions avec la BC Cattlemen’s Association afin d’établir certains de ces liens », ajoute M. Fraser. « Ils sont très intéressés et nous souhaitons faire des progrès à ce sujet. En espérant qu’à l’avenir, les éleveurs qui appliquent de bonnes pratiques de gestion pourront bénéficier de la séquestration du carbone et de la vente de crédits de carbone. »