Dans le cadre d’un nouveau projet de recherche lancé en avril 2011 à l’Université de Regina, on étudie l’incidence des changements climatiques sur les Prairies, en particulier sur les collectivités agricoles et autochtones. Le projet d’une durée de cinq ans, financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) dans le cadre de l’Initiative de recherche internationale sur l’adaptation aux changements climatiques (IRIACC), s’inscrit dans un projet de recherche international de 2,5 M$ sur la vulnérabilité et l’adaptation aux phénomènes climatiques extrêmes dans les Amériques (VACEA).

« Le projet a pour but d’examiner les moyens d’adaptation des personnes et des régions vulnérables aux changements climatiques et aux événements climatiques extrêmes tels que les graves inondations ou sécheresses », explique M. David Sauchyn, Ph. D., chercheur scientifique principal au Collectif des Prairies pour la recherche en adaptation. « Dans le cadre d’un projet international, nous avons fait équipe avec des scientifiques de l’Argentine, du Brésil, du Chili et de la Colombie qui effectuent des recherches sur les mêmes types de bassins hydrographiques. »
Les chercheurs ont sélectionné deux bassins dans le sud des Prairies, soit celui du ruisseau Swift Current, en Saskatchewan, région comportant surtout des zones arides, et celui de la rivière Oldman, en Alberta, où l’on trouve des terres arides et des terres irriguées. « Nos collègues sud-américains mènent des recherches semblables sur des bassins hydrographiques alimentés par la fonte des neiges dans les Andes, qui fournissent de l’eau à beaucoup de gens », ajoute M. Sauchyn. « Les cinq régions visées ont des problèmes semblables de vulnérabilité aux phénomènes climatiques extrêmes et aux effets des changements climatiques. »
Le premier thème du projet a pour objet l’évaluation de la vulnérabilité régionale. Il prévoit des discussions avec le plus grand nombre possible de résidents du bassin hydrographique à propos de leur expérience des phénomènes climatiques extrêmes, des conséquences et de leur capacité à y faire face. « Les agriculteurs sont parmi les premiers visés, car ils font partie des gens les plus exposés aux phénomènes météorologiques et climatiques », affirme M. Sauchyn. « Le projet d’étude touchera les pratiques de gestion agricole, les politiques gouvernementales, les règlements, les plans d’utilisation des terres et d’autres facteurs. »
Le deuxième thème porte sur les sciences naturelles ainsi que sur les variations climatiques et agroécologiques dans la région. « Nous avons de nombreuses preuves d’inondations et de sécheresses importantes dans les Prairies pendant les dix dernières années, et davantage de preuves scientifiques que l’intensité et la fréquence de ces phénomènes augmentera avec le réchauffement de la planète », explique M. Sauchyn. « Nous voulons d’abord vérifier le pronostic en rassemblant autant de données scientifiques que possible indiquant que les conditions climatiques se détériorent et qu’il y a un lien avec les changements climatiques. Ensuite, nous demanderons aux gens d’évaluer leur niveau de préparation pour des événements de cette taille et de ces fréquences. »
Le troisième thème porte sur une analyse de risques intégrative. « Nous devons consulter les résidents sur le terrain, car ce sont eux qui savent le mieux ce qui se passe et qui sont les plus touchés », déclare M. Sauchyn. « Plus nous en savons sur les effets possibles, plus il sera facile de faire face et de s’adapter aux changements potentiels. »
Recherche coopérative et collectivités
Les chercheurs ont entrepris dès le début du projet des consultations approfondies avec des partenaires externes et des intervenants clés des deux champs à l’étude. « En Alberta, nous avons établi un partenariat avec l’Oldman Watershed Council et d’autres organismes extérieurs dont les ministères de l’agriculture et de l’environnement de l’Alberta, Agriculture et Agroalimentaire Canada et d’autres ministères », explique M. Sauchyn. « Nos partenaires nous aident beaucoup et renforcent notre présence dans la collectivité. Ces partenariats de collaboration nous donnent accès à beaucoup de gens qui vivent et travaillent dans le bassin. »
La recherche et la collaboration avec les résidents se poursuivent. Les chercheurs orchestrent le processus, mais ils ont besoin de la collectivité pour la collecte des données et la prise de décision. « Les participants seront invités à évaluer leurs risques et leurs vulnérabilités, à déterminer les causes des dommages et des pertes dues aux événements climatiques extrêmes et à définir des pratiques et des outils qui permettront d’éviter certaines difficultés et d’économiser de l’argent », affirme M. Sauchyn. « Au cours de l’hiver, trois étudiants consulteront pendant plusieurs semaines un maximum de résidents dans les régions de Pincher Creek et de Taber. Ils compileront les résultats de ces entretiens pour se faire une idée un peu plus précise de ce que les gens vivent et de ce qu’ils pensent. »
En parallèle, les chercheurs compileront des renseignements tirés de stations météorologiques, de satellites et d’autres sources dans une grande banque de données scientifiques sur le bassin. Dans des recherches antérieures, M. Sauchyn et ses étudiants ont prélevé des échantillons d’arbres de 1 000 ans dans le bassin Oldman pour établir la disponibilité de l’eau au cours des 1 000 dernières années. « Cette information nous aide à voir les cycles naturels du climat et à comprendre comment le réchauffement climatique a modifié les anciens cycles naturels », déclare M. Sauchyn. « Ces cycles ont toujours existé. Ce qui change, c’est simplement leur ampleur et leur intensité. »
Les chercheurs présenteront leurs conclusions initiales tirées des recherches scientifiques et des discussions à tous les intervenants de la collectivité. « Nous voulons que les collectivités s’impliquent dans ce projet et nous sommes ouverts aux recommandations et aux propositions quant aux moyens à mettre en œuvre pour améliorer la résilience et la durabilité de ces collectivités », explique M. Sauchyn. « Nous les aiderons à examiner les données scientifiques et à déterminer les lacunes dans les politiques. Nous travaillerons ensuite avec elles pour définir les pratiques et les outils qui les aideront à améliorer leur capacité à composer avec les phénomènes climatiques extrêmes. » Le projet fera l’objet de comptes rendus dans des bulletins, sur le site Web et dans des forums communautaires.