Il n’y a pas de façon rapide de résumer les activités de l’entreprise agricole d’Ian et Douglas Simmons, située à l’est de Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard.

Il y a tout d’abord Red Bridge Farms qui compte 14 000 poules pondeuses et Kool Breeze Farms qui comprend des serres, une jardinerie, une importante entreprise de produits de béton (des pavés aux blocs de soutènement) et des cultures. À ces activités s’ajoutent un labyrinthe de maïs et un concours d’épouvantails à l’automne, une boutique de Noël et une entreprise de déneigement. Ah oui! Une grande partie de l’électricité nécessaire provient de deux éoliennes qui appartiennent aux frères Simmons.

« Je pense que nous sommes assez entreprenants, admet Ian Simmons. Mais le travail ne nous dérange pas et il ne faut pas avoir peur d’essayer des choses nouvelles. C’est stimulant. »

Bien qu’à l’heure actuelle l’entreprise aux multiples facettes soit un tourbillon d’activités, ce n’est qu’en 2006, soit 20 ans après la construction de la première petite serre, qu’Ian Simmons a été en mesure de pratiquer l’agriculture à temps plein aux côtés de son frère aîné Douglas.

« J’ai toujours aimé faire pousser des plantes; lorsque j’étais au secondaire, je cultivais des légumes et je les vendais au marché de producteurs de Summerside, raconte Ian. Ensuite, après mes études collégiales et comme passe-temps, j’ai construit la première serre et ma mère vendait des produits à des résidents locaux. »

Pendant que son frère et son père travaillaient sur la ferme qui, à l’époque, comprenait l’élevage de poules pondeuses, de porcs et de bovins et la culture de céréales, Ian gérait une quincaillerie locale tout en poursuivant l’expansion de l’entreprise serricole. À la première serre de 12 pieds sur 16, construite en 1986, il a ajouté une serre de 20 pieds sur 24 deux ans plus tard, suivie de la construction d’une autre serre beaucoup plus grande deux ans plus tard, et ainsi de suite.

« Mon frère effectuait les travaux quotidiens; je m’occupais de la commercialisation et je travaillais les fins de semaine, explique Ian Simmons. J’imagine que nous ressemblions à n’importe quelle petite entreprise : nous la bâtissions étape par étape. »

Lorsqu’ils ont construit la quatrième serre de 20 pieds sur 96, leur père leur a demandé à qui ils allaient vendre tous leurs produits.

« Nous lui avons tout simplement répondu : Nous sommes aussi en train de bâtir notre marché, se souvient Ian. Les gens nous demandaient : Pourriez-vous me cultiver un peu de…? ou Je cherche telle ou telle chose. Nous prenions des notes et, l’année suivante, nous tentions d’ajouter ce qu’ils cherchaient. »

Les Simmons possèdent maintenant 16 serres (la dernière a été construite l’automne dernier) et leur entreprise (koolbreezefarms.com) est devenue une destination pour les jardiniers de partout sur l’île. Ils approvisionnent aussi d’autres jardineries à l’Île-du-Prince-Édouard. En plus des plantes annuelles et vivaces, des arbres et arbustes, et des produits d’aménagement paysager, la ferme vend du maïs sucré, des tomates de serre et des produits provenant de producteurs d’autres régions. Le concours d’épouvantails attire de nombreux visiteurs et la boutique de Noël permet de prolonger la saison.

Ian Simmons fait observer que le succès de l’entreprise repose sur deux éléments essentiels.

Premièrement, la patience.

« Ce dont vous devez vous souvenir lorsque vous développez une entreprise, c’est de lui consacrer du temps. Nous nous sommes concentrés sur le développement de notre entreprise, un client et un produit à la fois. »

Deuxièmement, la disposition à courir un risque.

« La vie est parsemée de risques, fait remarquer Ian Simmons. Est-ce que tout fonctionne comme vous le souhaitez? Non. Mais lorsqu’un pépin survient, vous devez analyser la situation. Est-ce possible de réparer? Est-ce possible d’apporter des améliorations? »

Cette façon de penser a mené au concours d’épouvantails. Ian Simmons a d’abord entendu parler du concept en 2007, lors de la conférence de la North American Farmers’ Direct Marketing Association (association nord-américaine des producteurs qui font de la mise en marché directe) qui s’est tenue à Calgary. Il s’agit d’un événement incontournable pour les exploitants d’entreprises agrotouristiques. Toutefois, bon nombre d’entre eux habitent à proximité de grands centres urbains et peuvent attirer une population avoisinante de près d’un million de personnes. Donc au début, il était un peu sceptique quant à la tenue d’un événement du genre.

« Ici, à l’Île-du-Prince-Édouard, la population grimpe jusqu’à 500 000 personnes durant la saison touristique; à l’automne, elle retombe à 140 000 habitants, explique Ian. J’ai alors pensé que nous pourrions attirer des visiteurs en adoptant l’idée du concours d’épouvantails, en offrant des prix et en organisant des activités spéciales pour les enfants. »

Sa version est devenue une activité communautaire. Le Club lions de Summerside organise des courses en sac de patate et des courses à trois jambes, tandis que d’autres entreprises et des bénévoles s’occupent d’autres activités, comme le maquillage d’enfants, le concours de sculpture sur citrouille et le divertissement. Lorsque les conditions météorologiques sont favorables, plus de 3 000 visiteurs y participent, soit une bonne partie de Summerside (population de 16 000 personnes) ainsi que des familles provenant d’ailleurs sur l’île.

« Nous nous sommes associés avec d’autres et nous avons développé cette activité. C’est notre septième année et notre meilleure jusqu’à présent. »

Une approche similaire, fondée sur l’expérience des autres et le partenariat, a été utilisée dans le cas des éoliennes. La première éolienne a été érigée en 2008 au coût de 200 000 $ et les frères Simmons avaient estimé qu’elle se rentabiliserait en l’espace de cinq à sept ans, à condition que tout aille bien. Comme les éoliennes qu’ils ont achetées utilisent une technologie bien établie et qu’elles sont fabriquées en Amérique du Nord (donc des pièces accessibles à un prix raisonnable), les Simmons estimaient que le risque de problèmes était assez faible. De plus, en 2011 (année d’érection de la deuxième éolienne), ils ont conclu une entente avec un collège situé à proximité, soit le collège Holland qui offre un programme de formation en maintenance d’éoliennes.

« Nous avons un protocole d’entente qui les autorise à utiliser nos deux éoliennes dans le cadre de leur programme, explique Ian Simmons. Le collège se trouve à cinq minutes de chez nous. Nos éoliennes sont ainsi faciles d’accès. En retour, ils en assurent l’inspection (vérification de l’huile, de la structure des tours, des pales et du couple de serrage des boulons). Cette entente convient aux deux parties. »

Bien que leurs nombreuses entreprises semblent indépendantes, elles ont un lien. Les éoliennes et la participation au projet de contrôle des eaux de ruissellement mis sur pied par les Services de diversification des modes d’occupation des sols (ALUS) montrent l’engagement des Simmons envers la gérance de l’environnement, des points qui plaisent aux consommateurs.

C’est la même chose pour le concours d’épouvantails. Un membre du personnel monte à bord de chaque charrette (maintenant au nombre de quatre) pour expliquer la façon dont le maïs sucré et les tomates sont cultivés, le partenariat avec d’autres producteurs et la production d’œufs sains. Lorsque les frères Simmons ont abandonné la production porcine, ils ont converti les porcheries en poulaillers et le nombre de poules pondeuses est passé de 2 500 à 14 000 en l’espace de 18 ans.

« Nous essayons de faire des choses qui correspondent à nos ressources, c’est-à-dire nos employés et nos équipements », explique Ian Simmons, qui emploie plus de 20 personnes durant la haute saison.

« Étape par étape » est notre principe directeur, fait observer Ian Simmons, qui cite comme exemple l’élevage de poules pondeuses. Les deux frères améliorent constamment l’alimentation, la ventilation, l’éclairage, etc. parce que chaque petit détail s’additionne.

« Si chaque année vous réussissez à obtenir un œuf supplémentaire par poule, eh bien, c’est 14 000 œufs de plus, et c’est ce que nous obtenons d’année en année, dit-il.

Voilà le véritable secret de l’entreprise des frères Simmons.

« Il suffit de faire un peu mieux qu’hier, que le mois passé ou que l’année dernière. Tout améliorer d’un coup n’est pas réaliste, mais il est toujours possible d’apporter de petites améliorations. Si vous réussissez à le faire, vous serez prospère. »

 

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