Sentez-vous quelquefois que vos instructions sont perdues dans la traduction? Si vous employez des travailleurs migrants saisonniers  dans votre ferme, les différences culturelles, les compétences linguistiques et l’alphabétisation peuvent rendre la communication d’exigences en santé et sécurité aussi difficile qu’escalader une montagne. Mais en tant qu’exploitant agricole, il y a des stratégies que vous pouvez employer pour assurer la sécurité et le bien-être de vos travailleurs, qu’ils habitent le prochain village ou outre-mer.

La première étape est de reconnaître qu’il y a des différences culturelles en jeu. Par exemple, il est possible que des normes de sécurité comme le droit de refuser un travail dangereux n’existe pas dans le pays de vos travailleurs. Certains de vos travailleurs ne comprennent peut-être pas le besoin de précautions sécuritaires, ou ils pourraient considérer les étapes de sécurité comme facultatives ou une perte de temps. Communiquez donc et faites respecter les exigences en santé et sécurité, et faites comprendre que les pratiques de santé et sécurité sont une condition d’emploi.

Certains travailleurs migrants mâles peuvent se sentir peu disposés à accepter des directives de superviseurs féminins, ou ils pourraient penser qu’il est acceptable de faire des commentaires sur l’apparence physique d’une femme qui ne sont pas appropriés dans un lieu de travail canadien. Indiquez clairement que les travailleurs doivent traiter les employées avec respect, et qu’ils doivent suivre les instructions des superviseurs féminins sans incident.

En tant qu’explolitant, vous assignez des responsabilités de travail en fonction de l’expérience et des capacités d’une personne. Il faut savoir que les travailleurs migrants peuvent établir un ordre hiérarchique interne qui va à l’encontre de vos relations de supervision actuelles. Certains gens pourraient essayer d’utiliser des compétences linguistiques pour augmenter leur statut. Cependant, ils pourraient mal interpréter les instructions, mettant vos travailleurs à risque de se blesser. Ne permettez pas que vos superviseurs utilisent les paires migrants comme interprètes. Et prenez le temps de définir les personnes responsables qui donneront des directives.

Plusieurs travailleurs migrants pourraient subir la tentation de s’épuiser ou de travailler au noir avec une autre exploitation afin d’envoyer plus d’argent à leur famille dans leur pays. Mais la réglementation provinciale pour le travail peut vous exiger de limiter leurs heures de travail. Expliquez les limites, pourquoi elles sont en place, l’importance des pauses, et comment le travail quand on est fatigué augmente le risque de blessure et doit être évité.

Il y a peu de gens qui aiment avouer qu’ils ont fait une erreur  ou qu’ils ne comprennent pas quelque chose. Les travailleurs migrants pourraient se sentir plus gênés parce qu’ils craignent qu’on les « renvoie » à leur pays. Soulignez qu’il est acceptable si vos travailleurs ne comprennent pas et ont besoin d’un meilleur éclaircissement. Observez leur travail et offrez une rétroaction constructive de façon non menaçante jusqu’à ce que vous ayez la confiance qu’Ils peuvent accomplir la tâche de façon appropriée.

Pensez à une occasion où vous étiez dans un autre pays où l’on ne parlait pas votre langue maternelle. À quel point étiez-vous soulagé quand vous avez trouvé quelqu’un qui comprenait assez bien le français ou l’anglais pour vous aider? Ne soyez pas frustré et n’élevez pas la voix. Les travailleurs migrants n’ont pas de déficience auditive. Parlez lentement, simplement et poliment, évitez l’argot et le jargon, apprenez des phrases clés dans leur langue, utilisez le langage du corps exagéré pour transmettre de l’information, et identifiez ou embauchez un membre du personnel qui sait parler couramment leur langue.

On pourrait prendre pour acquis que la plupart des gens savent lire et écrire, mais ce n’est pas forcément le cas. Il est possible non seulement que vos travailleurs ne puissent pas comprendre les instructions dans votre langue, mais aussi qu’ils ne puissent pas les comprendre dans leur propre langue. Même si vos instructions sont traduites, il est possible qu’elles ne soient pas comprises à cause de variances de dialecte. Et pourtant, dans plusieurs juridictions à travers le Canada, des normes de réglementation exigent que les employeurs s’assurent que les documents spécifiques relatifs à la santé et sécurité—comme les fiches signalétiques, les étiquettes et la signalisation—sont accessibles à tous les travailleurs.

Intégrez donc l’utilisation d’images, de démonstrations, de courtes séquences vidéo ou d’autres techniques visuelles dans vos instructions de sécurité et déterminez si les renseignements écrits sur la sécurité sont disponibles dans d’autres langues. Et assurez-vous qu’un membre de votre personnel est disponible pour interpréter cette information pour les travailleurs qui en ont besoin.

Les travailleurs migrants assurent un service essentiel aux agriculteurs canadiens. En même temps, les agriculteurs offrent aux travailleurs migrants des chances économiques auxquelles ils n’auraient peut-être pas accès dans leur propre pays. Prenez le temps de faire des recherches sur la langue et culture de vos travailleurs migrants.

Respectez leur culture et encouragez les employés de milieux différents à interagir et à mieux se connaître. L’amélioration de la compréhension interculturelle renforce les relations entre les employeurs et les travailleurs, et elle aide aussi à assurer la santé et sécurité de tout le monde qui vit ou travaille à la ferme.

Pour de plus amples renseignements sur la façon de surmonter les barrières linguistiques et culturelles avec les travailleurs agricoles migrants saisonniers, visitez www.semainesecuriteagricole.ca/outils-de-producteur et parcourez plus de 20 ressources gratuites conçues pour aider les producteurs à rendre leur ferme plus sécuritaire. Cet article a été rédigé pour appuyer la campagne Parlons-en! de la Semaine canadienne de la sécurité en milieu agricole de 2014, qui encourage les agriculteurs à entamer des conversations sur la sécurité. La SCSMA est organisée par l’Association canadienne de sécurité agricole et la Fédération canadienne de l’agriculture avec l’appui du Gouvernement du Canada dans le cadre de Cultivons l’avenir II, de la société commanditaire de longue date Financement agricole Canada, d’Ag for Life, du ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’Alberta, de CHS, Imperial Oil et Pioneer Hi-Bred Limited.