Le Canada accueille chaque année environ 250 000 nouveaux arrivants d’une multitude de pays. L’évolution de la démographie permet de cultiver et de commercialiser une nouvelle gamme de cultures vivrières dans l’ensemble du Canada, tout particulièrement des légumes. Ces légumes sont connus sous le nom de cultures internationales, de légumes ethniques ou ethnoculturels. De façon générale, les légumes ethnoculturels ne sont traditionnellement pas cultivés au Canada et n’ont pas été introduits par les colons européens.

Considérant ces légumes comme un marché important et une occasion pour l’industrie agricole du Canada de diversifier les cultures, le Vineland Research and Innovation Centre a commencé à mettre en œuvre un programme de recherche pluriannuel auprès des consommateurs. « La majorité des nouveaux Canadiens proviennent d’Asie du Sud, de la Chine ou des Antilles et leurs besoins alimentaires sont très différents des nôtres, explique le Dr Jim Brandle, président du Vineland Research and Innovation Centre en Ontario. Dans les centres urbains comme Vancouver et Toronto, plus de 50 % de la population sera constituée de minorités visibles d’ici 2017; d’ici 2031, 63 % de la population de la région du Grand Toronto sera constituée de minorités visibles. Tout cela créé une occasion pour une toute nouvelle gamme de cultures vivrières potentielles. »

Le projet a été lancé en 2009; la première étape était la réalisation d’un sondage conduit par l’Université de Guelph qui demandait aux participants de décrire leurs préférences par rapport aux légumes, leur marché et leurs attentes . Un autre sondage a été conduit en ligne auprès des consommateurs de l’ensemble des provinces canadiennes et d’États américains importateurs clés comme New York et la Pennsylvanie. Le sondage a permis d’identifier certains légumes potentiels, entre autres : le dolique asperge, l’okra, l’aubergine asiatique, le pak-choï , le piment fort chinois, le kaddu et le calalou.

« Les résultats du sondage démontrent que 396 M $ sont dépensés annuellement par la communauté sud-asiatique canadienne en légumes, tandis que les communautés chinoises et afro-antillaises dépensent respectivement 252 M $ et 84 M $, dit M. Brandle. Cependant, le marché national est principalement desservi par des produits importés. Par exemple, le marché de l’okra représente, à lui seul, 256 M $ en importations saisonnières chaque année. Si l’on combine cela avec d’autres légumes importés, on remarque un potentiel de croissance future considérable. »
 Nourrir la diversité

Des tests de production ont été menés au Centre et sur des exploitations agricoles entre 2010 et 2011. Parmi les tests effectués en 2011, figurait une superficie de 1,5 acre sur laquelle on menait des essais de rendement et de productivité répétés par rapport à six nouvelles cultures internationales, avec trois variétés chacune. « Afin de faire progresser ce mouvement innovateur, nous avons besoin d’agriculteurs, de recherche et de technologies agricoles pour pouvoir cultiver une bonne culture à prix abordable qui répond aux exigences du marché en matière de qualité, explique M. Brandle. Il est également nécessaire que les chaînes de distribution et les détaillants acheminent le produit auprès des bons consommateurs. »

Afin de réaliser les objectifs du projet, on a rassemblé des agriculteurs, des distributeurs et des consommateurs pour mieux comprendre la chaîne d’approvisionnement. Un événement de rencontres à la chaîne a été organisé en 2011 pour rassembler des agriculteurs et des consommateurs innovateurs. Résultat :  la signature de contrats pour 50 acres de nouvelles cultures internationales en 2012. « Tous les produits agricoles de 2012 sont parvenus aux divers détaillants et ont été vendus, dit M. Brandle. Nous planifions cultiver 200 acres de nouvelles cultures internationales en 2013 et poursuivre ensuite l’expansion. Il s’agit vraiment d’une idée simple et concrète, mais la difficulté réside dans le fait de trouver les bonnes cultures au bon prix et de les vendre auprès des personnes qui les veulent. »

Un système de production de base pour certaines des cultures a été mis au point à partir des essais de production et a été fourni aux agriculteurs. Les chercheurs poursuivront leurs essais et travailleront avec des agriculteurs pour perfectionner le système de production. « Nous savons qu’il y a des inquiétudes relativement à la vermine, aux maladies et aux insectes et nous devons maintenant examiner ces développements habituels du système de production et les modifier légèrement pour les agriculteurs, dit M. Brandle. Comme nous augmentons la production pour la porter de 5 000 à 50 000 acres, nous aurons probablement besoin d’une chaîne d’approvisionnement différente et de plus grands intervenants. »

« Nous avons un mélange d’innovateurs expérimentés et de nouveaux agriculteurs qui ont hâte de commencer, souligne M. Brandle. Nous apportons notre soutien à tout agriculteur qui est intéressé et nous allons favoriser la réussite de tous ces agriculteurs. Nous observons un excellent mélange d’agriculteurs qui reflètent probablement mieux la donne démographique du pays que les systèmes de production de cultures traditionnelles. Plusieurs d’entre eux étaient agriculteurs dans leur pays d’origine et peuvent établir des liens avec des chaînes d’approvisionnement plus facilement. »

Le projet en est à sa dernière année de financement, mais on s’attend à recevoir de nouvelles subventions pour poursuivre le programme. « Nous avons lancé le programme ici, en Ontario, en tant que pilote, mais nous avons dans l’idée de créer un Programme national de cultures ethnoculturelles, dit M. Brandle. Certaines villes, comme Vancouver, sont dans une situation démographique semblable et ce programme pourrait être approfondi et amélioré pour travailler avec les agriculteurs de la C.-B. et d’autres régions. »

En plus des cultures vivrières, d’autres possibilités ont été identifiées, entre autres, dans le secteur de la floriculture. « La donne démographique changeante entraîne également une série de fêtes culturelles totalement différentes, ce qui ouvre des marchés pour la floriculture et d’autres produits, dit M. Brandle. Nous devons modifier ce que nous cultivons pour mieux répondre aux besoins de ces nouveaux marchés et y susciter ensuite l’innovation et la commercialisation. Le nouveau programme de cultures ethnoculturelles crée de nouvelles possibilités pour les agriculteurs innovateurs et les nouveaux agriculteurs qui se demandent par où commencer. »

« L’évolution de la démographie favorise l’innovation, souligne le Dr Jim Brandle. Ce projet a comme objectif de commercialiser et vendre de bons légumes ethnoculturels dans les épiceries aussi rapidement que possible au moyen du modèle innovateur ouvert et distribué du Vineland Research and Innovation Centre. »

Pour renseignements :
Dr Jim Brandle
Tél. : 905-562-0320 p. 757
Courriel : [email protected]

www.vinelandresearch.com