Le traitement des fibres requiert une masse critique afin d’établir une industrie.
Qu’est-ce qui vient en premier dans une nouvelle industrie : la production ou la commercialisation? Le scénario typique de l’oeuf et de la poule est un obstacle que l’industrie du chanvre de l’Alberta doit surmonter avant que la production de fibres de chanvre ne devienne un choix de culture viable pour les agriculteurs. Afin d’aider l’industrie du chanvre à progresser, l’Economics and Competitiveness Division d’Alberta Agriculture and Rural Development (AARD) a commandé une étude sur le potentiel du chanvre en Alberta. Le rapport final de l’Alberta sur les coûts de production et l’évaluation du marché du chanvre (http://www1.agric.gov.ab.ca/$department/deptdocs.nsf/all/econ14086(en anglais seulement)), paru en 2012, offre un aperçu détaillé de la chaîne de valeur de l’industrie du chanvre en Alberta et comprend des points de référence par rapport aux coûts de production sur une exploitation agricole.
« Le marché des fibres est en train d’émerger en Alberta, selon Lori-Jo Graham de la section Bio-Industrial Opportunities d’AARD. Il y a plusieurs entreprises qui travaillent sur des produits commerciaux de haute valeur faits à partir de chanvre. »
Le rapport souligne qu’il y a de très bonnes possibilités pour la production industrielle et la transformation du chanvre en Alberta, mais il y a eu un certain nombre de « faux départs » par le passé. La principale difficulté liée au lancement de l’industrie est l’absence d’une chaîne approvisionnement stable. Sans marchés stables, l’implantation d’installations de transformation ne peut se réaliser avec succès.
Le marché des graines de chanvre est actuellement bien établi au Canada. En 2011, le Canada recensait 15 720 hectares destinés à la production de chanvre, dont 80 % était réservé pour la production de graines. Le plus grand acheteur de graines de chanvre est Hemp Oil Canada, une entreprise qui utilise un système de presse à froid pour produire de la nourriture et des huiles industrielles à St. Agathe, au Manitoba. On fait aussi la vente de graines entières et écossées auprès des consommateurs. Le rendement net des terres irriguées pour la production de graines de chanvre a été estimé quelque part entre 200 et 1 200 $ par acre, comparativement à 487 $ pour le blé et 369 $ pour le canola.
On retrouve une dizaine d’usines de décortication commerciale dans le monde. Selon le rapport, l’industrie de la fibre de chanvre du Canada a pris du temps à se développer et compte seulement une poignée d’entreprises de transformation et de décortication dans l’ouest du Canada qui sont bien établies ou en phase pilote.
- Clear Line, Winnipeg – Cette entreprise se concentre sur la conception d’une usine de production de matelassure non tissée et a travaillé conjointement avec le gouvernement du Manitoba et le Composite Innovation Centre de Winnipeg pour étudier les possibilités de transfert de technologies. Il semble que ce projet sera démantelé prochainement.
- TTS Inc, Edmonton – TTS a signé une entente avec les villes de Drayton Valley et de Weyerhauser afin d’établir une usine de production de matelassure non tissée dans l’ancienne usine de manufacture de bois. TTS a acquis l’équipement industriel à partir d’une usine désaffectée à Vancouver et l’a transporté sur le site. Le projet est toujours en cours, bien qu’aucune date de lancement n’ait encore été fixée.
- Emerson Hemp Distributors – Emerson, Manitoba – Cette usine de transformation de paille de chanvre est située à Emerson, au Manitoba. L’usine opère depuis plusieurs années et fait la vente de fibre et de graines de chanvre dans les marchés de litière et de matériaux de construction écologiques du Canada et des États-Unis. L’équipement a été procuré par des intérêts privés et peut décortiquer la paille de chanvre avec un rendement d’entre 1,5 à 2 tonnes l’heure.
- Gilbert Plains Processing, Manitoba – Cette usine est en stade de conception et de construction. Elle est la propriété d’investisseurs chinois et l’équipement qu’ils planifient utiliser provient également de la Chine. L’usine vise à produire de la paille de chanvre à usage unique (et non à usage double, ce qui est la pratique conventionnelle). Ils planifient transformer 18 000 tonnes de fibres de chanvre par an, mais selon certains experts de l’industrie, il s’agit d’une estimation très optimiste, de même que leur intention d’avoir une vitesse de transformation de 1,5 à 2 tonnes l’heure.
- Schweitzer Mauduit (SM), Manitoba – SM pratique la transformation de la paille de lin depuis longtemps pour la fabrication de types de papier particuliers, comme le papier à cigarette et les papiers fins. La plupart de ses produits sont exportés vers la France. L’entreprise songe à se lancer dans la transformation du chanvre et accomplit du travail de recherche et de développement à l’Alberta Biomaterials Development Centre (ABDC), à Vegrevile.
- Alberta BioMaterial Centre, Vegreville – Un partenariat interministériel entre Alberta Agriculture and Rural Development (AARD), Environment and Sustainable Resource Development (ESRD) et Alberta Innovates Technology Futures (AITF). L’ABDC a participé aux travaux de recherche et de conception de systèmes de production et de transformation du chanvre. Des lots de chanvre destinés à la recherche ont été établis dans les environs de Vegreville afin d’examiner le rendement agronomique d’une série de variétés de chanvre dans différents types de sols, conditions climatiques et pratiques de production agricole. L’usine pilote utilise de l’équipement provenant d’Europe et possède la plus grande capacité de rationalisation parmi les usines pilotes de transformation de biomasse en Amérique du Nord.
- Naturally Advanced Technologies, Vancouver – Cette entreprise fait la promotion de la technologie « Crailar » depuis une dizaine d’années, laquelle a été développée par la collaboration du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et de l’AITF. L’entreprise produit des produits textiles et utilise généralement des fibres libériennes de lin. La majorité de ses opérations de transformation se déroule aux États-Unis.
Mme Graham estime qu’un effort de travail continu est nécessaire pour faire progresser la chaîne de valeur de l’industrie du chanvre de l’Alberta. Elle cite comme exemples plusieurs entreprises qui travaillent au développement de l’industrie de la production de fibres de chanvre en Alberta.
« Trois entreprises – Stemia Group (sud de l’Alberta), Motive Industries (Calgary) et TTS (Edmonton) – font des progrès et seront des joueurs clés dans le développement des services de transformation, des capacités de manufacture et de la connectivité des marchés, qui seront tous nécessaires. On travaille également sur le développement et l’élaboration des avantages compétitifs de la culture du chanvre en Alberta. »
Il sera important pour la chaîne de valeur de combiner tous ces éléments lorsque le moment sera venu. L’usine pilote de l’Alberta BioMaterial Centre de Vegreville fournit l’expertise commerciale et technique aux trois entreprises qui développent des produits en fibres de chanvre en Alberta. Par l’entremise de ces initiatives publiques et privées, le dilemme de l’oeuf et de la poule peut être surmonté afin d’établir une industrie de la fibre de chanvre durable en Alberta.
« Nous menon la voie dans le développement d’une chaîne de valeur robuste pour l’industrie du chanvre en Alberta, » dit Lori-Jo Graham.
Coordonnées :
Lori-Jo Graham
(403) 556-4244
[email protected]
Sites Web :
http://www.albertabiomaterials.com/
http://www1.agric.gov.ab.ca/$department/deptdocs.nsf/all/econ14086
http://www.hemptechnology.co.uk/insulation.htm
http://www.ttsfpl.com/
http://www.motiveind.com/